Algérie

Les villageois d'Aït Khelfoun racontent



Au bout d'une route sinueuse, à quelques encablures seulement du chef-lieu de la commune de Béni Douala, le village d'Aït Khelfoun se dresse sur une colline qui surplombe la forêt de Takhoukht, à environ 12 km au sud-est du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. Tizi Ouzou. De notre bureau C'est là que les troupes de l'ANP ont réussi, dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, un coup de filet spectaculaire, mettant hors d'état de nuire douze individus armés. Hier, lors de notre déplacement sur les lieux, le village était calme. Dans les cafés et autres lieux de regroupement des jeunes du village, les discussions tournaient essentiellement autour de l'offensive militaire du week-end dernier. Un fait inhabituel dans leur localité. Cette dernière n'a, selon plusieurs villageois, jamais vécu de pareils événements depuis l'avènement du terrorisme. « Il était presque 23h30 quand des policiers en civil sont venus du côté de Béni Douala. A leur arrivée au centre du village, ils nous ont demandé de rentrer à la maison. » « Vous n'avez pas entendu des explosions ' », nous ont-ils interrogé. « Finalement, ils avaient raison. Juste en bas, au lieudit Agouni, des militaires avaient lancé plusieurs roquettes sur un groupe terroriste qui a été anéanti sur place. Il n'y a jamais eu autant de soldats dans la localité. Il y avait peut-être plus de cent militaires qui ont investi la région », précise un citoyen, la trentaine à peine bouclée, accosté à l'entrée du village d'Aït Bouyahia, limitrophe à Aït Khelfoun.Sans aucune gêne, les villageois veulent parler, chacun étale sa version des faits. Un commerçant qui tient une alimentation générale sur la route reliant les deux bourgades affirme qu'il a entendu, peu avant minuit, des bombardements et des hélicoptères. « On parle d'un groupe venu à bord de deux véhicules. Les terroristes se sont infiltrés dans un cortège de fête de mariage pour échapper au contrôle des barrages des services de sécurité. D'ailleurs, après avoir quitté ce cortège, à la tombée de la nuit, ils ont cherché à connaître le chemin qui mène vers Takhoukht. C'est à partir de là certainement qu'ils ont suscité un climat de doute dans la région », explique notre interlocuteur.L'opération militaire s'est déroulée à un endroit éloigné des habitations. C'est au lieudit Agouni que nous avons vu les restes des roquettes de l'ANP, des arbres et des buissons incendiés donnant l'impression d'avoir subi les affres d'un feu de forêt dévastateur. « C'est ici que les douze terroristes ont été abattus. Ils étaient venus à bord de deux véhicules (une Golf et un fourgon de marque Boxer immatriculés à Boumerdès) en direction de Takhoukht. Après avoir été repéré par les militaires, le groupe qui était dans la Golf a rejoint celui du fourgon pour rebrousser chemin et essayer de s'enfuir. Mais en un laps de temps très court les terroristes ont été encerclés par les forces de sécurité. Ils ont tenté de riposter aux tirs nourris des militaires, avant d'être carrément arrosés de roquettes lancées depuis des hélicoptères », ajoute un autre habitant d'Aït Khelfoun.Sur les lieux, nous avons remarqué un pantalon et une veste afghans suspendus à une branche d'arbre, en contrebas de la chaussée. Cela laisse supposer que certains terroristes auraient été éjectés du fourgon par le souffle des roquettes, selon les témoignages recueillis auprès des riverains. Les corps de ces terroristes ont été complètement calcinés et déchiquetés. Ils n'ont été récupérés par la Protection civile que vendredi matin. Ils étaient défigurés. On ne pouvait pas les reconnaître. Voulant donner lui aussi sa version, un jeune du même village fait remarquer qu'une bombe de fabrication artisanale était à l'intérieur du fourgon des assaillants. Elle aurait explosé sous l'effet des roquettes. Par ailleurs, il est à signaler que dans le groupe des douze terroristes éliminés figurent, selon des sources officielles, des responsables du GSPC. Ces derniers étaient impliqués dans l'attentat -suicide qui a ciblé, le 3 août dernier, le siège de la sûreté urbaine, au centre-ville de Tizi Ouzou. Les mêmes sources affirment également que le permis de conduire, les photos et la carte d'assurance du kamikaze qui s'est fait exploser à Tizi Ouzou ont été récupérés à l'issue de l'opération.


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