Algérie

Les vétérinaires de la télé



Les vétérinaires de la télé
C'est fou le nombre de vétérinaires qui travaillent à? la télé, disait l'autre fois un ami intrigué. Mustapha ne comprenait pas que la télé trouve toujours des vétérinaires à mettre devant une caméra et un micro quand il s'agit de «rassurer» les citoyens à l'approche de l'Aïd en leur disant que «toutes les mesures» sanitaires ont été prises par les services concernés pour que les moutons mis sur le marché soient en bonne santé? avant le sacrifice. Voilà donc qui nous rappelle cet autre ami qui disait à l'une de ses connaissances particulièrement zélé quand il s'agit de surveiller sa santé : «Toi, c'est sûr, tu vas mourir? guéri» !La digression fermée, revenons donc à nos? moutons. Les services vétérinaires et leur tutelle directe, les directions de la santé des wilayas sont donc en période de mobilisation extrême. L'ami Mustapha ne les voit qu'à la télévision mais ça va suffire amplement à ses commentaires.C'est vrai qu'il ne fait pas le tour des marchés à bétail mais il s'est dit qu'avec un peu de chance, il aurait quand même aperçu des blouses blanches et quelques cols blancs «opérant» à la périphérie d'un marché. Après tout, s'ils opèrent à la télé, c'est que la télé est bien obligée d'aller les chercher quelque part où il y a des moutons. Ce n'est tout de même pas au boulevard des Martyrs qu'ils vont les emmener pour les besoins de l'enregistrement.Encore que ça passerait, pour les toubibs à bestioles et les ronds de cuir de la santé animale mais ça aurait été vraiment problématique pour les ovins, qu'il faudra en plus mettre dans les ascenseurs.Mais Mustapha ne s'est pas posé toutes ces questions. Si en plus de voir qu'on s'inquiète beaucoup plus pour la santé des moutons qu'on allait égorger dans quelques jours que pour celle de ses compatriotes, il doit aussi se poser des questions, il n'en finira jamais. Pourtant, il doit savoir que si on s'occupait tant que ça de la santé de notre cheptel, ça se saurait. Mais quand on dit que l'Aïd, c'est sacré, c'est que c'est sacré en tout. On ne fait pas dans le détail.Sinon beaucoup de monde aurait renoncé au sacrifice. D'abord, parce que ce n'est pas une recommandation religieuse stricte, ensuite parce que cela fait un vrai massacre dans notre cheptel ovin déjà bien rachitique et enfin parce que les retombées de ce rituel sur les prix de la viande, déjà inaccessible pour la majorité des Algériens, sont désastreuses.Mustapha aurait ajouté que le rituel n'a plus de sens du fait qu'il n'est plus observé dans ses aspects de partage et de générosité mais il s'est dit qu'il y a déjà trop d'exégètes comme ça pour qu'il s'y mette lui aussi. Notre ami ne sait toujours pas pourquoi cette histoire de vétérinaires qu'il voit à la télé sans jamais les voir là où il devait les voir le préoccupe. Mais en réfléchissant, il 'est rendu compte que ça ne le préoccupait pas tant que ça. Il venait de se rappeler qu'il n'a jamais égorgé de mouton. Et quand il vivait encore chez son père, ce dernier n'a jamais pensé au vétérinaire avant d'acheter la bête du sacrifie.




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