Algérie

Les vertus du dialogue



Les vertus du dialogue
Des citoyens dans la rue pour exprimer leur désaccord avec une décision ou leur soutien à une position. C'est du déjà-vu, courant et habituel, en Algérie comme dans d'autres pays. Mais si le recours à ce mode de revendication ou d'acclamation est devenu coutumier dans la société algérienne, c'est bien parce que cette dernière s'est retrouvée démunie de ces canaux, vecteurs et courroies de transmission censés se charger de porter ses attentes et ses doléances. Il y a bien des institutions élues dotées de pouvoirs, mais elles sont tout sauf représentatives, et il y a belle lurette que le citoyen a perdu tout espoir de les voir assumer leur rôle de porte-parole actant pour défendre ses droits, préserver ses libertés et améliorer ses conditions de vie, de travail et d'exercice de ses droits de citoyen. Quant aux partis politiques, qui, en théorie, devraient encadrer, organiser et rassembler les citoyens autour d'un projet politique, critiquer les mauvais choix, proposer des alternatives et ouvrir des pistes de réflexion, ils se sont tant et si mal pris qu'ils ont fini par se couper de la masse populaire qui les met dans le même sac que le pouvoir et la presse. «Tous les mêmes. Ils mangent à la même table que le pouvoir, font ripaille et se remplissent la panse avec le système. Et quand la table est desservie, ils dénoncent, critiquent et crient au scandale, mais ils restent toujours prêts et disponibles pour un deuxième service...», analysait amèrement un ex-militant d'un parti. Mais comme, plus que la nature, la vie d'un pays ne peut s'accommoder de vacuité, le vide est rempli par tous ceux qui ont quelque chose à dire. Résultat : on a dans les rues des enseignants réclamant des acquis qu'ils ne méritent pas toujours, des lycéens revendiquant l'inconcevable et des jeunes manifestant contre un 4e mandat qu'aucune loi n'interdit. Evidemment, chacun a des arguments à faire valoir. Pour autant, un argument a bien plus de chances de peser, voire d'influer, quand il est exprimé dans un cadre organisé ayant voix au chapitre pour ouvrir un dialogue que quand il est brandi dans la rue sans vis-à-vis, si ce n'est un dispositif de sécurité. Toutefois, qui dit dialogue, dit confrontation de points de vue, donc propositions d'alternatives. On ne peut demander de faire table rase de tout sans apporter le projet ou le schéma de remplacement. Mais pour qu'il y ait dialogue, il faut aussi que chacune des deux parties concernées ait le droit de s'exprimer librement, qu'elle soit disponible à écouter, prendre en considération les attentes de l'autre et, surtout, apporter une réponse ou une alternative. En rejetant la confrontation des idées, le débat contradictoire et la critique constructive, on ne fera rien d'autre qu'encourager l'expression anarchique qui ne pourra que déboucher sur les affrontements où il ne peut y avoir de vainqueur ou de vaincu, le seul perdant étant le pays.H. G.




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