Les Verts, les seuls à apporter du bonheur aux Algériens

Ils vivent désormais au rythme des exploits des poulains de Belmadi.Adossés à la voiture de service, trois policiers en faction dans un barrage fixe, quelque part sur l'autoroute Est-Ouest, gardent les yeux rivés sur le smartphone pour suivre les péripéties d'un Algérie-Guinée haletant. Sourire aux lèvres, ce qui en dit long sur le résultat du match, l'un deux fait signe volontiers aux automobilistes, soucieux de réduire la vitesse à l'approche du barrage, de poursuivre leur route.
Certains s'y arrêtent tout de même pour demander le score. "Chhal rahoum", disent-ils sur un ton poli. "Rana dharbinhoum bzoudj, khouya", répond le flic, le visage rempli de joie. Plus loin sur la route, un groupe d'automobilistes, faute de connexion, interrompue de temps à autre, décide de marquer un arrêt, histoire de suivre tranquillement ce qui reste du match. Dans le silence de cette autoroute infinie scindant en deux les montagnes majestueuses de la Mitidja, leurs cris sont presque réduits à néant, mais parviennent à attirer l'attention des automobilistes. À l'entrée des vieilles bourgades qui bordent la Transsaharienne, les cafés sont bondés, avec un monde happé par la télévision.
Même les commerces sont transformés l'espace d'une rencontre de football en salles de diffusion. Ce sont là quelques images captées le long d'un voyage au c?ur d'une Algérie profonde plongée dans la furia des Verts. "Que voulez-vous, nous n'avons qu'El-Khadra pour oublier un quotidien difficile. C'est notre oxygène, nous espérons qu'avec la lueur de changement qui se profile dans notre pays, les Verts seront à l'avant-garde avec un titre africain dont nous rêvons tous", nous confie un automobiliste qui continue de pester contre une connexion internet défectueuse et instable. "Le bonheur pour les Algériens, ce sont les Verts, cela a toujours été comme ça en Algérie, depuis la nuit des temps?", ajoute-t-il sur un ton amusé.
"Le reste ce n'est que désastre, désolation et corruption", renchérit un autre qui admet qu'il troquerait bien un titre africain contre une vie meilleure. "Nous sommes conscients que ce n'est qu'un jeu et que cela ne va rien changer à notre quotidien amer, que cela ne va pas arrondir nos fins de mois mais il faut bien s'agripper à une lueur d'espoir", souligne Omar rencontré dans un douar que la nouvelle autoroute a sorti d'un anonymat effroyable. "Demain à la fin de la CAN, tout le monde retournera à sa triste réalité.
Nous avons un combat à mener pour une Algérie meilleure. Il faut le poursuivre, mais peut-être que le réveil retentissant des Verts est-il en fait un signe avant-coureur", conclut-il. Sur les réseaux sociaux, le même engouement est constaté. Certains n'hésitent pas à faire le parallèle entre la situation politique du pays et les exploits des Verts. "Faut voir si Belmadi s'y connaît en politique, il pourrait nous sortir de cette crise, comme il le fait si bien avec l'équipe nationale", écrit un internaute. Pas mal, non '

SAMIR LAMARI