Cette vision réductrice des pages de l'histoire de Tipasa, région considérée par d'éminents scientifiques comme un véritable creuset de civilisations, est retenue comme l'un des axes soumis à débat au cours d'une rencontre nationale de deux jours, qu'a organisée en fin de semaine écoulée, au chef-lieu de la wilaya, le centre universitaire de Tipasa sous le thème « Le patrimoine historique et archéologique de la wilaya de Tipasa ». Il est question donc, au cours de ce conclave, le premier du genre, d'opposer les différentes hypothèses et vérités historiques, à coup d'arguments scientifiques et archives, pour réhabiliter, mettre la lumière sur le passé de Tipasa, et ce, depuis l'âge de pierre jusqu'au XXe siècle, tout en mettant en valeur les époques punique, romaine, berbère, vandale, byzantine, arabo-musulmane, ottomane, l'expédition espagnole, coloniale et la résistance des tribus locales contre l'occupation française. Les joutes scientifiques ont pu quelque peu cerner les débats sous forme de cycles de conférences ouverts au public, animés par 12 universitaires spécialistes en la matière venant de différentes régions du pays. « Les objectifs escomptés de cette rencontre se résument en cinq points, à savoir l'identification historique de la région à travers le temps, l'enrichissement des recherches historiques et archéologiques de la région, la motivation des chercheurs pour qu'ils s'intéressent davantage aux études déjà effectuées sur le thème du colloque, la sensibilisation de la société scientifique et civile sur l'importance de la protection du patrimoine archéologique et, enfin, le développement d'une coopération entre le centre universitaire de Tipasa et les différents établissements universitaires et centres de recherches », résume le directeur adjoint chargé des relations extérieures au niveau du centre universitaire de Tipasa, au cours d'une conférence de presse organisée en marge de la rencontre. Pour sa part, la directrice du centre universitaire a affirmé que toutes les recommandations qui couronneront les travaux du colloque seront transmises aux autorités concernées. « L'histoire de Tipasa plonge ses racines dans les temps les plus reculés de l'humanité sur lesquels se sont entreposés des sédiments qui ont apporté une richesse formidable au patrimoine local, et ce jusqu'aux temps modernes. En partant de ce postulat, on ne peut pas contenir ou réduire ce bel écrin patrimonial a une époque seulement. Et c'est pour valoriser toutes ses époques qu'on a initié ce colloque qui est foncièrement scientifique », confie le Dr Dahdouh Abdelkader, président du comité scientifique de la rencontre. Selon ce dernier, ce conclave est une opportunité de réaffirmer certaines vérités scientifiques, d'une part, occultées par les travaux de recherche d'Européens lors de la période coloniale qui malheureusement sont toujours une référence, et d'autre part, raisonner certaines hypothèses non fondées sur l'origine de vestiges et d'une partie du patrimoine local. « Si on prend le cas du Mausolée royal de Maurétanie, il existe une hypothèse soutenue par certains chercheurs affirmant que ce monument abrite la sépulture de Cléopâtre Séléné. A ce propos, des interventions de chercheurs au cours de ce colloque ont tenté de mettre la lumière sur cette question, d'autant qu'aucune preuve tangible ne soutient cette légende », cite en exemple le Dr Dahdouh. Pour lui, cette hypothèse ne tient pas la route. « D'abord, le style architectural du mausolée royal n'a aucune ressemblance avec les édifices romains. Force aussi est de dire que les Romains dans leur philosophie n'adoptent pas l'architecture des autres civilisations, car s'ils le font, ils reconnaissent de facto leur existence, ce qui en soi est une preuve irréfutable. Mieux encore, la structure du Mausolée Royal de Maurétanie a une ressemblance frappante avec celle du monument Imedghassene, or ce dernier n'est pas l''uvre des Romains », explique-t-il. Concernant l'époque arabo-musulmane, le même chercheur affirme que Tipasa recèle un patrimoine inestimable remontant à cette époque. Il cite à titre d'exemple, en plus du Fort de Koléa, les mosquées des 100 Colonnes de Cherchell et Sidi Ali Ben M'barek de Koléa. « Il est aussi question de montrer des facettes méconnues du grand public de ce patrimoine qui demeure le témoin par excellence de notre histoire », souligne le même universitaire. « Cette rencontre en question n'est qu'une ébauche d'une série d'activités traitant de l'histoire et de l'archéologie dans la wilaya de Tipasa. On espère qu'on organisera dans un futur proche une rencontre internationale sur ce sujet d'importance capitale », souhaite la directrice du centre universitaire de Tipasa.
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Posté Le : 11/05/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amirouche Lebbal
Source : www.horizons-dz.com