Algérie

Les vérités de Ouyahia



Ahmed Ouyahia a visiblement perfectionné son «savoir-faire», en matière de conférence de presseAvec la même franchise, Ahmed Ouyahia a répondu à une question «directe» sur les huées dont il a été l'objet lors de la finale de la coupe d'Algérie de football.
Le verbe facile, l'argument à portée de main et l'écoute fine, Ahmed Ouyahia a visiblement perfectionné son «savoir-faire», en matière de conférence de presse. Supprimant le laïus traditionnel à l'entame de son exercice bi-annuel face aux médias nationaux, au lendemain du conseil national, le secrétaire général du RND n'a pas moins cerné les questions qui font l'actualité au travers des questions des journalistes. Tantôt concis dans ses réponses, tantôt prolixe, le patron de la deuxième force politique du pays a transmis des messages précis à l'opinion, défendu ses convictions et tenté de convaincre les Algériens des choix pris par la formation qu'il dirige, notamment celui en faveur d'un nouveau mandat pour le chef de l'Etat.
Très précis dans sa formulation sur cette question précisément, Ahmed Ouyahia a répondu aux questions prévisibles concernant sa place sur l'échiquier politique, en rapport avec la prochaine échéance présidentielle. Il est difficile de le «piéger», dans l'espoir de lui arracher une contradiction ou un quelconque «petit dérapage». Ainsi, en liant l'appel au président de la République et l'ambition prétendument présidentielle du patron du RND, celui-ci a eu cette réponse franche: «Dans ces affaires d'intérêt national, nous n'avons pas pris position pour faire taire les rumeurs et nous avons pris une position pour un choix, qui nous semble en tant que famille politique importante sur la scène nationale, servira les intérêts de la nation et de l'Etat algériens.»
Avec la même franchise, Ahmed Ouyahia a répondu à une question «directe» sur les huées dont il a été l'objet lors de la finale de la coupe d'Algérie de football. Sans tourner autour du pot, il dira qu'il connaît «ceux qui ont payé le millier de supporters» et il sait «pourquoi ils ont été payés». On ne saura pas de sa bouche l'identité de ces commanditaires. Toujours dans le registre de la sincérité, le secrétaire général a admis avoir fait une erreur en appelant les hommes d'affaires algériens à travailler avec les pieds-noirs. «Si c'était à refaire, je ne dirais pas la même chose», arguant que la situation n'était pas assez mûre pour aborder la question sous cet angle.
Sur un autre sujet, il a réitéré la proposition de son parti d'appliquer la peine de mort aux trafiquants de drogue.
L'affaire des 701 kg de cocaïne où des magistrats sont impliqués a permis au secrétaire général du RND de mettre en évidence l'engagement de l'Etat à lutter contre la corruption et le trafic de drogue. Ahmed Ouyahia n'hésitera pas à user d'un lexique «guerrier» pour qualifier le phénomène de trafic de drogue, qu'il compare à une agression caractérisée contre l'Algérie. A l'entendre, le pays est en guerre contre les commanditaires de réseaux maffieux. «Lorsqu'on voit le flot de drogue qui s'abat sur nos frontières de plusieurs destinations, nous considérons que nous ne sommes pas dans l'excès de qualifier cela d'une agression», argumente-t-il. Le conférencier évoque indirectement la main de l'étranger pour expliquer l'ampleur du phénomène où des dizaines de tonnes de kif sont interceptées chaque année. «La société algérienne a montré sa fermeté et son unité et les citoyens sont unis quand il s'agit des intérêts du pays, donc on tente de la pourrir de l'intérieur avec la drogue qui est une arme qui attaque d'abord notre jeunesse». Le mot est donc lâché. Ce trafic n'est pas seulement mu par un intérêt pécuniaire, mais poursuit un objectif autrement plus stratégique. Le patron du RND, dont les mots semblaient sortir des tripes sur cette question précisément, est plus que convaincu que l'Algérie subit une agression étrangère. Il en veut pour preuve le déploiement des forces de sécurité et les résultats, d'année en année, exceptionnels dans la lutte contre le trafic de drogue.
Au chapitre financier, le premier responsable du RND a confirmé la tendance de la baisse des réserves de changes et estimé leur niveau autour de 85 milliards de dollars à la fin de l'année, malgré l'appréciation des prix du pétrole sur le marché international. «A la fin du mois de mai, les réserves de changes de l'Algérie s'établissaient à 90 milliards de dollars et devraient baisser à 85 milliards dollars à la fin de l'année en cours, en raison des importations des biens et services», a indiqué Ahmed Ouyahia. Il explique cela par la tendance baissière de la production nationale des hydrocarbures. On aura compris que ce qu'on gagne en appréciation de la valeur de l'or noir, on le perd en chute de production.
Plus que cela, l'accord auquel est parvenu l'Opep, avant-hier, «va freiner les prix». C'est dire, à bien comprendre le secrétaire général du RND, que l'option d'une relance de l'économie par les hydrocarbures est exclue.
Confirmant ses propos sur la situation de faillite financière en juin 2017, Ahmed Ouyahia a défendu le recours au financement non conventionnel et souligné, chiffres à l'appui, les bénéfices qu'en tire l'Algérie en ce sens que la dynamique de la croissance ne s'est pas arrêtée malgré la crise. «Nous sommes passés d'un baril à plus de 120 dollars au début 2014 à 30 dollars à fin 2016», révèle-t-il, comme pour donner une indication sur la brutalité de la crise que traverse le pays.


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