Quand ont été annoncés les changements opérés à la tête de la hiérarchie militaire et sécuritaire, Mouloud Hamrouche, l'ancien chef du gouvernement, contrairement à la plupart des personnalités de l'opposition qui se sont exprimées sur le sujet en émettant l'opinion qu'ils procèdent d'une opération «règlement de compte» menée par le clan du pouvoir parvenu à prendre le dessus sur celui qui aurait jusque-là fait obstacle à ses desseins politiques, les a lui qualifiés de «normaux» et «bons».Le père des «réformes» s'est ce faisant exposé aux sarcasmes des tenants de la thèse du «règlement de compte» qui s'arrêtant au seul fait qu'il ait ainsi jugé ces changements lui prêtent de participer à la mystification que serait l'explication avancée par le pouvoir et ses satellites sur leur survenance. Pourtant s'il persiste et signe que les changements opérés sont «normaux» et «bons», Hamrouche reste dubitatif quant à la portée de ces changements si le pouvoir qui les a opérés s'en tient à eux seuls en guise de réponse et solution à l'impasse tant politique qu'économique dans laquelle est le pays.Sans donc se dédire de l'appréciation qu'il a émise sur les changements qui font polémique et controverse dans la classe politique et au sein de l'opinion publique, l'ancien chef du gouvernement estime que la crise étant celle du système qui dure n'est pas de celle qui se règle par la seule restructuration d'un service ou le changement de quelques hommes.Pour Hamrouche, le mal qui a conduit à la crise est dans la sacro-sainte «règle de la cooptation» demeurée «stable et immuable». Il semble douter que les changements opérés ont visé à conforter un processus menant à la réalisation d'un projet politique qui mettrait fin à cette règle de la «cooptation». C'est pourquoi manifestement il ne croit pas qu'ils ont amorcé la construction de l'Etat civil dont les partisans du régime claironnent qu'il sera la finalité des «réformes et changements» entrepris.Que faire alors qui permettrait au pays de sortir de l'impasse ' Selon Hamrouche, il faut le doter d'un projet «porté par les élites et soutenu par les citoyens» et validé par un consensus national avec l'association de tous les constituants sociaux. Pour y parvenir, il faut selon le même Hamrouche que ces constituants sociaux se fassent la conviction que la question sur laquelle ils ont à s'entendre est nationale, pas celle «d'une personne, d'un clan ou d'une secte». En présentant ainsi le problème, l'ancien chef du gouvernement égratigne au passage les tenants de la revendication présidentielle anticipée qu'il pense manifestement mus par des considérations relevant de l'obsession faite sur une personne et un clan. En se démarquant par son analyse et ses préconisations ayant trait à la crise nationale d'une opposition dont il ne semble pas convaincu des capacités à transformer le rapport de force avec le pouvoir, Mouloud Hamrouche n'est pas sans ignorer qu'il s'expose à être pris à partie par elle. Il a pris les devants en affirmant que ses propos «n'ont pas pour but de mystifier, de déranger ou de plaire» et qu'il milite sans attendre de «contrepartie».
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Posté Le : 12/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kharroubi Habib
Source : www.lequotidien-oran.com