Les vérités de chacun et l'ONU

Bien qu'il ne croit pas si bien dire, le dernier message du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, tout en étant une forte mise en garde à l'adresse du monde recèle une bonne dose de pathétisme. Quand, avec prudence et doigté, il met en cause les divergences entre les grandes puissances au sein même du Conseil de sécurité, il a tout dit. Dès lors, on ne peut s'empêcher de déduire qu'il est convaincu qu'il prêche dans le désert et la nécessité d'une coopération commune pour faire face aux multiples dangers qui guettent le monde, à laquelle il appelle, relève d'une chimère.Le Conseil de sécurité de l'ONU n'est pas un gouvernement planétaire, loin s'en faut, mais représente, depuis qu'il a été créé, un damier international où les fous et les dames se disputent les tours pour que les chasses gardées soient préservées. La marche du monde n'a jamais obéi à un ordre serré harmonieux mais elle s'est soumise, depuis la nuit des temps, au rythme des intérêts particuliers des Etats. A l'opposé de l'étalage de l'hypocrisie des discours et des déclarations des fausses bonnes intentions, la force et la puissance ont toujours prévalu pour respecter un des plus vils des axiomes de la nature qui veut que la nature humaine ne peut vivre que de la prédation.
L'Organisation des Nations unies ne peut prétendre avoir le beau rôle car il est prouvé que son Conseil de sécurité a été tissé de fil blanc par ceux qui l'ont créée pour l'adapter aux demi-mesures et aux faux-semblants. En quoi pourrait-elle être utile entre les deux plus puissants de ses membres quand ils opposent leurs idéologies contraires et quand chacun tient à avoir par tous les moyens le dernier mot '
Chaque Etat voit midi à sa porte et lorsque Antonio Guterres réclame une compréhension commune des menaces et des dangers qui guettent le monde, il écarte avec une naïveté évidente que les grands défis d'hier et d'aujourd'hui sont la création et le produit de ceux qui sont appelés à s'entendre.
Tous les Etats s'en tiennent à des vérités qui leur sont propres. Les individualismes enracinés depuis toujours, sources de conflits, de guerres, d'injustice et de misère sont et resteront inconciliables avec une harmonie que le secrétaire général de l'ONU réclame.