Algérie

Les verdicts renvoyés au 28 juin



Les verdicts renvoyés au 28 juin
Le parquet a requis des amendes de 50 000 DA, alors que le verdict ne sera connu que le 28 juin. L'autre affaire opposant le PT à la télévision Ennahar a été renvoyée au 21 juin.Hier, dès 10h, Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, et le député du même parti, Smaïl Kouadria étaient déjà dans la salle, au même titre que Bilal Kebbach, poursuivi, lui et sa directrice, Souad Azouz (absente à l'audience) pour diffamation. Ses deux avocats, Mes Bitam et Dechir, commencent par relever : «La plainte aurait dû être déposée à El Harrach, le lieu de résidence de la plaignante. C'est un vice de forme qui annule la procédure.» Mais le juge lui fait remarquer que «le moment n'est plus aux demandes.Elles ont été faites avant». Il se tourne vers le journaliste et lui demande de s'expliquer. «J'ai mené une enquête sur les biens de la famille de Louisa Hanoune, et tout ce que j'ai écrit était appuyé par des documents. Son frère, un élu local de Annaba, a eu un terrain dans la wilaya d'El Taref...», lance-t-il, avant d'être interrompu par le magistrat : «La loi préserve la vie privée des citoyens. Vous ne pouvez pas écrire ce que vous voulez.De plus, comment la plaignante peut-elle être responsable de son frère '» Le prévenu : «Elle est secrétaire générale d'un parti. C'est une personne publique.» Le juge : «Elle est avant tout une citoyenne.» Le journaliste : «J'ai fait un reportage avec des preuves.» Le juge : «Liberté de la presse ne veut pas dire porter atteinte à la dignité de la famille de la plaignante.» Le prévenu : «J'ai pris attache avec son frère qui m'a répondu normalement et a confirmé ce que j'ai écrit. Je ne me suis pas limité uniquement à la déclaration de l'ancien vice-président de l'Assemblée nationale, Baha Eddine Tliba.» Le juge se tourne vers Louisa Hanoune. «Tout ce qu'il a écrit n'est que mensonge. La seule déclaration qu'il a obtenue est celle de Tliba.Ce n'est pas la première fois qu'il s'attaque au parti et à ma personne. Il évoque mon frère, agriculteur, qui a obtenu, en 1988, le droit d'usufruit d'une parcelle agricole à El Taref, qui appartient toujours à l'Etat. Il a cité mon neveu, qui venait d'hériter, comme bon nombre de la fratrie, d'une partie d'un bien immobilier, vendu par la suite pour acheter ailleurs. Le tribunal de Annaba a déjà condamné la télévision et le journal à la suite des plaintes déposées par mes frères», explique Hanoune, en précisant : «En tant que responsable d'un parti, j'assume mon statut de femme publique, mais s'est-il attaqué à d'autres responsables ' Il met à la Une du journal ma photo et en arrière-plan celle d'un hôtel, comme si ce dernier était ma propriété, et il parle d'un terrain situé à côté.N'est-ce pas une dérive ' En 1988, lorsque mon frère a eu l'exploitation de cette terre agricole, moi je ne connaissais que les arrestations, les menaces, les intimidations et les perquisitions de mon domicile.» Le juge demande au prévenu de se défendre. «L'article ne faisait pas référence à l'hôtel. J'ai écrit sur le terrain obtenu par son frère (?) et, contrairement à ce qu'elle dit, j'ai déjà écrit sur d'autres responsables comme Abdessalem Bouchouareb, Amar Saadani et j'ai même fait parler des ministres dans des caméras cachées...», dit-il avant que le juge ne l'interrompt.«S'il vous plaît, pas de caméra cachée?», lui lance-t-il avec ironie. Le journaliste : «Les faits que j'ai rapportés sont documentés. Je n'ai rien inventé. J'ai écrit que des sommes importantes ont été dépensées pour réaliser la route menant vers ce terrain situé en montagne et acquis par le neveu de Hanoune. A aucun moment je n'ai écrit ces articles pour porter atteinte à sa dignité ou à celle de sa famille.» Le prévenu ne cesse de rappeler qu'il était à l'origine de la publication des informations relatives aux marchés octroyés au mari de l'ex-ministre de la Culture, Laabidi, que des députés du PT ont mis sur la place publique.Le juge : «Les députés sont protégés dans l'enceinte du Parlement, mais vous vous dites que la déclaration de Tliba vous a été faite à Annaba.» Le prévenu : «Je ne le connais pas. J'aurais pu me limiter à ses propos, mais j'ai préféré aller plus loin et Hanoune m'accuse d'avoir perçu de l'argent.» Louisa Hanoune réplique : «Il a rencontré Tliba à Annaba et je le défie de me ramener une seule preuve sur les biens que je suis supposée détenir. S'il avait pris la peine de s'adresser aux structures de la wilaya, comme les Domaines ou le Cadastre, il aurait eu les informations. Il me présente comme une bourgeoise qui s'accapare les biens de l'Etat.C'est une opération politicienne et non journalistique.» Le prévenu : «Je n'ai fait que mon travail de journaliste et ce ne sont pas les plaintes qui vont m'arrêter de le faire.» Le juge donne la parole aux avocats, Me Mokrane Aït Larbi n'y va pas avec le dos de la cuillère. Il commence par présenter le journaliste comme «une victime de l'allégeance de ses responsables à un clan contre un autre ou à une partie contre une autre». Il insiste sur le droit à la présomption d'innocence et les renvois «inexpliqués» de cette affaire depuis mars 2016, ainsi que les absences aux audiences de la directrice du quotidien et du directeur de la télévision.Pour l'avocat, «la corruption ne se combat pas avec de la corruption, mais avec des moyens propres (?). Les écrits incriminés ne relèvent pas de la liberté de la presse, mais des règlements de comptes. Même l'élite de ce pays n'a pas échappé à ces dérives et vous avez tous vu comment un illustre écrivain a été violenté par la même chaîne».Abondant dans le même sens, Me Boudjemaa Ghechir s'attarde sur le contexte dans lequel le reportage a été fait, juste après la création du groupe des 19 (personnalités), dont Louisa Hanoune fait partie, et durant cette campagne menée par l'ex-secrétaire général du FLN, Amar Saadani, contre elle. Les avocats de Bilal Kebbach, Mes Bitam et Dechir, plaident l'innocence de ce dernier et insistent sur le fait que ses écrits «n'ont jamais été démentis, puisqu'il s'agit d'une vérité que la concernée n'a pas niée».L'audience est interrompue par l'apparition de Me Mohcène Amara et le juge lui fait signe de quitter la salle en raison «des mesures d'interdiction». L'avocat refuse, s'ensuit une altercation verbale. Il a fallu l'intervention d'un membre du Conseil de l'ordre pour calmer les esprits. L'affaire est mise en délibéré pour le 28 juin, alors que le second procès, cette fois-ci avec le député du PT Smaïl Kouadria, s'ouvre. Ce dernier reproche au journaliste d'avoir écrit qu'il avait été placé par Louisa Hanoune à la tête du syndicat d'El Hadjar, que son fils a bénéficié d'un marché auprès du complexe, où il a placé ses frères et un neveu.L'ancien syndicaliste s'offusque. Il revient sur ses années de militantisme qui lui ont permis de gravir les échelons pour représenter l'UGTA à l'étranger, mais aussi de son combat contre l'intégrisme au début des années 1990 lorsqu'il interdisait l'accès aux militants du parti dissous au complexe et qui lui ont valu d'être blessé à deux reprises dans des tentatives d'assassinat. «Mon fils a soumissionné comme beaucoup d'autres sociétés, et il a eu un marché et mes frères étaient déjà à El Hadjar quand moi j'étais tout enfant. Comment pourrais-je les pistonner ' Ces écrits sont intervenus en décembre 2016 lorsque les débats sur la loi de finances étaient houleux et où la position du parti était contre les mesures d'austérité», dit-il.Le prévenu rétorque : «Personne n'a nié les informations que j'ai publiées. Elles sont réelles. Je n'ai rien inventé et lui-même me les a confirmées par téléphone.» Après les plaidoiries, le président renvoie le verdict au 28 juin, alors que l'affaire opposant les mêmes plaignants au journaliste d'Ennahar TV, Ahmed Hafsi, et à son directeur, Anis Rahmani, a été ajournée au 21 juin.


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