Algérie

LES VENDREDIS DE LA DISSIDENCE



Jour de repos, le Vendredi est celui de la piété pour les musulmans. En ce jour, les fidèles se retrouvent à la mosquée pour la prière collective hebdomadaire.Depuis 1962 et à l'image des Etats post-indépendance, le régime algérien a multiplié la construction des mosquées. Au fil des années, ces espaces ont été utilisés politiquement pour pervertir le religieux. Réduit à de la religiosité populiste, le religieux a été l'instrument de propagation d'un discours idéologique aliénant.
Ainsi, une rivalité mimétique entre les tenants du pouvoir et les porteurs de cette religiosité a été mutuellement nourrie.
Cette instrumentalisation du religieux a servi au régime d'alibi pour s'assurer une impunité couverte par l'espace « françalgérie » quant à la guerre contre les civils qu'il a menée durant les années 1990. La violence de cette « sale guerre » a détruit en profondeur des segments entiers de la société algérienne. L'ampleur des dégâts a été telle que rares étaient celles et ceux qui croyaient le peuple capable d'un sursaut Seulement, depuis le 22 février dernier, le peuple algérien a ouvert une nouvelle page de l'histoire récente du pays.
Et pour cause ! Les vendredi du repos et de la piété sont devenus ceux d'une dissidence citoyenne, nationale et pacifique. Après la prière du Vendredi, algériennes et algériens, pratiquants et non-pratiquants, croyants musulmans, fidèles d'autres croyances, agnostiques et non-croyants se retrouvent dans la rue pour un seul objectif : signifier au régime la fin de son mandat ininterrompu depuis le crime fondateur dont a été victime Abane Ramdane et la conspiration contre les résolutions de la Soummam, notamment, celles de la primauté du politique sur le militaire et de l'intérieur sur l'extérieur. Un mouvement de sécularisation semble ainsi traverser en profondeur la société algérienne. Ce mouvement est porteur d'espoir autant que la situation actuelle que traverse le pays recèle beaucoup d'inquiétude. Mieux encore, le peuple algérien est entrain de faire de ses malheurs et de ses traumatismes des sources de libération. Ainsi, sa résilience rend possible la métamorphose démocratique en Algérie.
Le régime peut faire dans le chantage au terrorisme. Il peut multiplier les provocations, les tentatives de désinformation, de manipulation, de diversion de division'il peut faire le procès du politique, ses décideurs sont discrédités, son discours est désuet et ses pratiques,caduques. La société algérienne semble avoir identifié en elle des sources de pouvoir. De ces sources, il lui appartient de tirer les instruments de construction d'un leadership populaire à même de lui permettre d'exercer sa souveraineté. Certes, le chemin est encore long. Il est également parsemé d'embûches. Seulement, une chose est sûre : une nouvelle Algérie est entrain de naître. Cette Algérie, nous avons le devoir historique de lui offrir la beauté d'une nation diverse et plurielle, d'un Etat de droit, d'une gouvernance saine et d'une citoyenneté ouverte sur l'espace nord-africain et l'espace méditerranéen.
Hacène LOUCIF.


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