Les valeurs tendent à disparaître

Djaâfar Belhocine, ancien joueur, entraîneur et DEN de l'équipe nationale de handball, président du Groupement Sportif des Pétroliers (GSP), apprécie le Ramadhan. En plus des exigences spirituelles, il veille à renforcer les liens familiaux et à prendre part, aussi, à des actions de solidarité.Comment se présente le Ramadhan pour un sportif 'Le rythme est le même. Le seul inconvénient, c'est le manque de sommeil. Sinon les journées se suivent et se ressemblent. Le f'tour, c'est un moment agréable. Il nous réunit tous autour d'une table à la différence des autres jours de l'année. Mises à part les vacances qui nous rapprochent, il n'y a que le dîner qui nous regroupe. Dans la journée, chacun vaque à ses occupations. Le charme de ce mois, c'est d'ailleurs le fait de se retrouver, au moins, une heure avant la rupture du jeûne dans une ambiance très chaleureuse. On se permet quelques écarts, notamment pour les enfants. Après le f'tour, place aux prières surérogatoires. C'est sacré pour moi. Ensuite, on se retrouve, encore une fois, avec toute la famille autour d'un thé. Je suis le rassembleur. Je retrouve tout le monde chez moi. Personnellement, je ne dors qu'après avoir accompli la prière d'el fedjr.On est obligé de se lever pour aller travailler. Dans la journée, si j'arrive à trouver un moment pour m'assoupir un peu, c'est tant mieux, sinon j'enchaîne. On apprécie ce mois béni. J'ai eu à le vivre à l'étranger, sincèrement, je n'ai pas aimé. J'éprouve énormément de plaisir à le passer à la maison avec ma famille. J'ai discuté dernièrement avec un ami d'enfance et nous sommes revenus quarante années en arrière pour nous replonger dans nos souvenirs. Je garde, notamment, le souvenir du mois sacré durant l'été. C'est quelque chose d'indélébile chez moi, je ne sais pas pourquoi. C'est peut-être parce que les journées sont longues et chaudes. Les nouvelles technologies ont engendré des changements dans les relations humaines. Avant, la communication se faisant in vivo et directement. Maintenant les réseaux sociaux ont fait que les gens communiquent à partir de la maison. Je me souviens de mon premier jour de carême. On m'avait préparé du « charbat » que je devais prendre près de la fenêtre. Malheureusement, je ne l'ai pas fait pour mes enfants, le premier jour de leur jeûne. Les traditions se perdent. On se sentait toujours obligés d'assurer cette continuité pour leur faire plaisir. Dès qu'ils sont partis, on a complètement galvaudé toute cette richesse culturelle et cultuelle en ce qui concerne le Ramadhan.Les jeûneurs deviennent violents...Avant, je ne me rappelle pas avoir manqué de quelque chose. Le gaspillage n'existait pas. Le pain, il y avait toujours une manières pour le récupérer. On avait la fameuse « sfiria ». Les gens vivaient au jour le jour. Ces dernières années, je suis surpris par l'attitude des gens dans les mosquées qui se vident dès que l'imam entame les prières surérogatoires. Les gens trouvent des prétextes pour se défouler durant ce mois. Le nombre des accidents de la circulation enregistré juste avant el maghreb est effarant. On a perdu les valeurs éducatives et on le constate tous les jours. Le respect de son prochain n'existe plus. Il y a des comportements indignes des musulmans. C'est tout le monde qui a jeté l'éponge. En perdant toutes ces valeurs, nous sommes en train de perdre aussi toute notre identité. Même pour ce qui est du travail, on brandit le jeûne pour ne pas être rentable. Doucement le matin, pas trop vite le soir.Êtes-vous gourmand 'Sur ce plan, je ne suis pas exigeant du tout. J'ai une exigence à table, la chorba et le bourak. Je n'ai pas la folie des achats.Faut-il pratiquer du sport durant ce mois 'Absolument. J'ai beaucoup d'amis qui pratiquent le sport durant le Ramadhan. Le corps s'y prête. L'organisme n'est pas très chargé. Cela permet d'éliminer les toxines cumulées pendant l'année. Sauf qu'il y a des normes à respecter. Il ne faut pas faire une séance d'entraînement le matin. Il faut le faire deux heures avant le f'tour. Pour le sport de haut niveau, les gens qui préparent des compétitions majeures, il y a des normes à respecter aussi. Une séance avant la rupture du jeûne et une autre le soir. Au sein de l'équipe, les joueurs sont actuellement en intersaison. Ils vont reprendre juste après el aid. Sinon, on a souvent joué des compétitions de haut niveau en plein Ramadhan on a gagnéQu'en est-il de la solidarité 'La solidarité s'impose. Il faudrait qu'il y ait une meilleure organisation en matière de solidarité. Certaines associations le font d'une manière admirable, dans la discrétion. Je fais partie d'une association de gens anonymes qui prépare cela bien à l'avance. On arrive à assister beaucoup de familles Dieu merci en ce mois sacré. On devrait profiter pleinement de Ramadhan pour se rapprocher davantage des gens qu'on aime, car on ignore si on sera là le Ramadhan prochain.