Pour l'expert et consultant en économie, Abdelmalek Serraï, le mal qui a touché l'économie nationale est «très profond». Estimant qu'il faut s'attaquer à ce mal et non pas à quelques personnes, il assure que l'urgence est de s'atteler à la gestion des ministères des Finances, de l'Industrie et de l'Energie.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Abdelmalek Serraï estime que la bureaucratie, la corruption et le régionalisme effarant qui ont régné durant une décennie, ont favorisé l'installation d'un groupe mafieux qui a empêché le développement du pays. D'ailleurs, poursuit-il, «nous avons perdu de notre image à l'étranger à cause de l'attitude de ceux qui étaient à la charge des dossiers de coopération».
Intervenant hier, au Forum du quotidien El Moudjahid, l'expert et consultant en économie a affirmé que la plupart des factures établies ont été surdimensionnées ce qui a engendré une facture des importations «gonflée» et une hémorragie de la devise.
Selon lui, la moitié de l'argent débloqué pour l'importation de nombre de marchandises, ne rentre pas en Algérie. Il cite ainsi l'exemple des unités industrielles importées dont précise-t-il, la surfacturation a permis à la moitié de l'argent débloqué par la banque, de rester à l'étranger.
«Nous avons créé un bureau en Allemagne et commandé pour un pays européen des unités identiques à celles de l'Algérie. C'est ainsi que nous avons remarqué que le coût était beaucoup inférieur à celui déclaré en Algérie pour importer ces mêmes unités industrielles», assure-t-il.
Quant à la facture des prestations de services qui a atteint 14,5 milliards de dollars annuellement, il explique que les responsables de ce secteur préfèrent faire appel aux internationaux.
Il évoque également le détournement de fonds dans différentes administrations du ministère de l'Intérieur mais aussi les nombreux prêts bancaires qui dépassent les deux mille, qui ne sont pas remboursés depuis 20 ans.
Selon lui, 160 milliards de dollars ont été pillés en 5 ans à travers plusieurs canaux. «A ce jour, la fuite des capitaux se poursuit. En 2018, huit milliards de dollars sont sortis sous différentes formes».
Afin de remédier à cette situation déplorable, Serraï considère qu'un plan d'attaque s'impose justement pour «voir comment corriger ce qu'a subi l'économie nationale surtout l'investissement et le commerce extérieur».
«Ce plan nécessite la révision de plus de deux mille lois et textes d'application car ils sont aujourd'hui dépassés dans le temps et dans le contenu», souligne-t-il.
Pour ce faire, il appelle les spécialistes à coordonner leurs efforts avec le ministère de la Justice afin de mettre en place «un système de droit fort».
Qualifiant le mal qui a touché l'économie nationale de «très profond», il estime qu'il faut s'attaquer à ce mal et non pas à quelques personnes. «Il y a des milliers de surfacturations et des milliers de transferts illicites, et des centaines de milliers de personnes favorisées qui ne payent pas leurs impôts», dit-il.
Quelles solutions pour sauver l'économie nationale '
Pour l'expert et consultant en économie, l'urgence est de revoir de nombreuses directions impliquées dans la corruption notamment celles des équipements, de l'hydraulique, de l'agriculture, de la fiscalité, des wilayas et des daïras.
«Aujourd'hui, le ministère des Finances est le plus malade notamment avec le détournement de l'argent des banques et les évasions fiscales. Le ministère de l'Industrie qui délivre des agréments mal étudiés comme pour certaines unités de construction automobile, lui aussi, doit adopter de nouvelles techniques pour l'étude des agréments des investissements. Quant au ministère de l'Energie, il est question de vérifier les contrats de la Sonatrach s'il y a de l'intérêt national», détaille-t-il.
Abdelmalek Serraï rappelle à cet effet, sa suggestion pour la mise en place de cellules d'observation dans les cabinets des ministres et des walis, dont les membres seront des officiers supérieurs de haut niveau, issus de la nouvelle génération de l'Armée nationale populaire. «Leur mission sera de permettre d'accélérer les procédures des investissements et surveiller ainsi les abus», explique-t-il.
Il insiste, par ailleurs, sur le maintien du taux de production afin de garder la croissance au même taux et d'éviter au taux de chômage d'augmenter avant d'appeler à équilibrer les dépenses car «Sonelgaz et Sonatrach sont réellement en danger».
Ry. N.
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Posté Le : 08/04/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rym Nasri
Source : www.lesoirdalgerie.com