Algérie

Les urgences de Christopher RossSahara occidental



Les urgences de Christopher RossSahara occidental
Puissamment légitimé par la caution onusienne qui a du reste permis de mettre en échec le diktat marocain, M. Ross effectue, depuis lundi, une nouvelle tournée régionale pour combattre à la fois les effets jugés néfastes du « statu quo » et remettre sur les rails le processus de négociations, menacées d'enlisement. Après une rencontre avec le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, et des entretiens avec les présidents des deux chambres du Parlement marocain, Mohamed Cheikh Biadillah (Chambre des conseillers) et Karim Ghellab (Chambre des représentants), l'émissaire onusienne s'est rendu, hier, à Tindouf, puis à Layoune occupée, pour voir de près le drame des camps de réfugiés et l'enfer colonial des territoires occupés. La mission de Christopher Ross impose une solution « plus que jamais urgente » pour la stabilité régionale, rappelée à bon escient à l'ex-ministre des Affaires étrangères, Saïda Dine Otmani, lors de sa dernière visite en mars 2013. La prise de conscience de la communauté internationale donne plus de crédit à la nouvelle approche consensuelle de Christopher, faisant écho à la montée au créneau des ONG et de la société civile internationale dénonçant les atteintes aux droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés et la passivité onusienne. Au moment où l'émissaire onusien fait son come-back, la question sahraouie a fait l'objet d'une attention soutenue à la commission de décolonisation des 16 territoires non autonomes lors d'un débat général marqué par les nombreux appels lancés par les pétitionnaires des ONG internationales relevant la responsabilité de l'ONU dans la conduite du processus de décolonisation, exprimée par le représentant de Western Sahara Human Rights Watch, Kirby Gookin, et la présidente de la fondation américaine Defense Forum, Suzanne Scolte. Pour Alexandra Kapitanskaya de Strategic Conflict Group, le refus marocain d'inscrire le choix de l'indépendance dans les options retenues participe d'une violation caractérisée du principe même de la décolonisation. L'absence d'une composante des « droits de l'homme » dans le mandat de la Minurso a été dénoncée par la responsable de l'organisation américaine United States Citizen for Western Sahara, Robin Kahn. Cette unanimité traduit une perception plus objective du drame du peuple sahraoui privé de son droit inaliénable à l'autodétermination. « En tant que territoire non autonome toujours considéré comme une question de décolonisation, le Sahara occidental tombe sous la responsabilité de l'ONU », a tenu à confirmer le coordinateur sahraouie avec la Minurso, Mohamed Khedad, appelant la communauté internationale à exercer des pressions sur le Maroc dont le discours prononcé, vendredi devant le Parlement, par le roi Mohammed VI est la preuve du mépris de la légalité internationale et de l'absence d'une volonté d'engagement. « Le langage d'incitation, de menaces et d'intimidation du discours du roi est un encouragement et une source d'inspiration pour ses services de répression pour la pratique davantage de répression et de violation des droits légitimes des Sahraouis et une plus grande exploitation et pillage des ressources naturelles sous un siège militaire permanent et un black-out médiatique dans les territoires occupés », a estimé, dans un communiqué diffusé samedi, le gouvernement sahraoui. Conçu comme « un droit de l'homme fondamental », le recours au référendum d'autodétermination est désormais incontournable pour l'occupant mis au ban des accusés, plongé dans un isolement international et faisant feu de tout bois pour tenter de faire face au déluge d'accusations. Dans la perspective de la prolongation du mandat de la Minurso, prévue en avril, l'épreuve des droits de l'homme fragilise le Maroc appelé à agir pour « améliorer la situation », telle que l'exige la dernière résolution du Conseil de sécurité. L'étau se resserre. Il y a un mois, le réquisitoire sévère du département d'Etat, recensant dans un rapport adressé au Sénat les atteintes aux libertés d'expression et de rassemblement, a mis sous pression Rabat criant à la « partialité » et cédant à la panique. « La situation est difficile », a reconnu le roi marocain. Le Maroc, qui rompt avec son « optimisme béat », est dans une situation intenable où il lui sera désormais difficile de « mobiliser les alliés traditionnels » au regard de tous les rapports accablants publiés par l'administration américaine, le Parlement européen et les nombreuses ONG. Il est ainsi tenu de fondre dans la nouvelle approche équilibrée et de Christopher Ross.


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