Algérie

Les universitaires tirent sur «la mise à niveau»



Lesuniversitaires sont unanimes: la «mise à niveau» des PME algériennes est unéchec ! Le constat est sans appel et les raisons sont multiples. « Appliquer desstandards internationaux aux entreprises algériennes pose problème. Il fauttenir compte de l'environnement et de la culture locale», a soutenu hier LahlouCherif, de l'université d'Oran, lors de la première journée du colloqueinternational sur la mise à niveau des entreprises algériennes dans laperspective de l'adhésion de l'Algérie à la zone de libre-échange avec l'UE età l'OMC. Boudée par beaucoup de patrons, la mise à niveau est perçue comme unemanière d'intervenir dans les affaires internes d'entreprises en majoritéfamiliales et de petites tailles. D'autres chefs d'entreprises soupçonnent lesinitiateurs de projets de mise à niveau d'espionnage économique. Des exemplesexistent. Dans l'échec des différentes opérations de mise à niveau initiées cesdernières années, l'Etat a une bonne part de responsabilité. «Il n'y avait pasde volonté politique forte au départ, comme cela a été le cas au Portugal et enTunisie, les deux pays qui ont réussi à moderniser leurs entreprises, regretteAmar Yania, du CNTC Alger. Aujourd'hui, on commence à reconnaître qu'il faut unprogramme spécifique qui frappe les esprits». L'implication de l'Unioneuropéenne n'a pas aidé à faire avancer le train des réformes économiques dansnotre pays. Pis, elle a parfois contribué à l'immobiliser, en imposant des méthodeset des experts européens totalement ignorants de la réalité de l'économiealgérienne. Du coup, l'argent de l'UE a beaucoup plus servi à payer les expertsqu'à faire avancer la mise à niveau. La méfiance des chefs d'entreprisevis-à-vis d'un processus imposé d'en haut, l'économie informelle et a achevé lamise à niveau dans sa première version. «Les patrons ont trois bilans: noirpour les impôts, rose pour les banques et blanc pour le propriétaire. Il y a unproblème de confiance et d'accès à l'information. Parfois, les entreprises neconnaissent même pas leurs concurrents», a fait remarquer un autre intervenant.Les entreprises algériennes sont préoccupées par la baisse des charges fiscaleset parafiscales, la production physique et l'accès aux crédits bancaires. Lastratégie, les ressources humaines, la comptabilité analytique sont reléguéesau second plan des priorités de l'entreprise. Résultat: nos PME peinent à semoderniser. «Il y a aujourd'hui une cinquantaine de PME en situationd'excellence sur près de 300.000 que compte notre pays», révèle MohamedBahloul, directeur de l'IDRH. Très peu ! Les PME algériennes se préparent àla guerre avec des armes obsolètes et en creusant des tranchées. Dans unedizaine d'années, vers 2017, la zone de libre-échange entre l'Algérie et l'UEsera effective et nos entreprises auront du mal à affronter la concurrence deleurs homologues européennes, plus performantes et mieux préparées. «Il y aurabeaucoup de dégâts chez nous», avertit M. Baba de l'université de Mostaganem.Des entreprises vont disparaître et l'Etat perdra davantage d'argent à cause dudémantèlement tarifaire. Déjà, les prévisions sont alarmantes: l'Algérie perdrachaque année, jusqu'à 2010, 1.4 milliard de dollars, représentant le manque àgagner dû au démantèlement tarifaire progressif entamé en 2005. Le professeurDerbal de l'université d'Oran a tenté d'amortir le choc en disant qu'il estencore tôt de faire un bilan de l'accord d'association avec l'UE. En fait, toutdépend des entreprises et du gouvernement. Le chemin est déjà tracé etl'objectif est d'être prêt en 2017 pour affronter, avec armes égales, lesentreprises européennes. L'Etat a décidé de mettre la main à la poche enréservant chaque année un milliard de dinars pour aider les PME à semoderniser. Certaines entreprises commencent à jouer le jeu. «Il y a 200 PMEinscrites dans le processus de certification qualité», note M. Amer Yahia. PourM. Bahloul, il est impératif d'inculquer la culture de la mise à niveau desentreprises algériennes.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)