Ce n'est pas une «lune de miel», loin s'en faut, entre Alger et Ankara. Mais, il faut admettre que les Turcs sont très offensifs en Algérie en termes d'investissements, d'industries et d'opportunités d'affaires. La visite du président turc Recep Tayyip Erdogan en Algérie est en elle-même le signe évident que pour Ankara, l'Algérie est un pays attractif qui peut capter d'importants investissements et qu'il dégage de la plus-value. Pas uniquement par rapport à l'énorme potentiel que recèle le tourisme algérien. Et, pour améliorer toujours plus la balance commerciale de son pays, le président turc n'hésite pas à soutenir ses investisseurs et hommes d'affaires qui veulent s'installer, faire des affaires et fructifier leurs investissements en Algérie.Pour cela, en «businessman» aguerri, il n'hésite pas à «remonter les bretelles» des diplomates algériens en leur rappelant qu'ils n'appliquent pas, dans le cas des hommes d'affaires et même des touristes turcs, leur «sacro-saint» principe de réciprocité. Car si la Turquie, qui attire annuellement près de 60 millions de touristes, dont 200.000 Algériens, donne avec une grande facilité et célérité les visas pour les nationaux pratiquement en quelques heures, hormis la catégorie d'âge des moins de 35 ans, soumis à la procédure classique, l'Algérie n'en fait pas de même avec les hommes d'affaires turcs notamment.
La remarque à ce propos d'Erdogan aux autorités algériennes procède en réalité de cette volonté des milieux d'affaires et industriels turcs d'investir le marché algérien. Sinon de s'installer en Algérie, un pays avec de grands avantages fiscaux et douaniers et qui offre aux produits turcs d'atterrir plus rapidement sur les très demandeurs marchés européens de la rive nord de la Méditerranée. Les dirigeants turcs veulent en réalité plus d'ouverture de l'Algérie aux opérateurs et investisseurs turcs. D'autant que la Turquie, dont le taux de croissance est l'un des plus importants dans la zone OCDE, est à la recherche de partenaires fiables et stables politiquement au Maghreb et la sous-région nord-africaine. L'Algérie offre ces garanties, d'autant qu'elle ouvre en même temps des débouchés vers l'Europe, l'Afrique.
Les investissements turcs en Algérie sont en hausse et, doucement mais sûrement, industriels et hommes d'affaires turcs sont en train de brasser large sur le marché algérien, en particulier dans l'industrie, l'agroalimentaire et le textile. Globalement, ce sont les géants Tosyali (sidérurgie), Papya (papier) ou Taipa (confection) qui tirent vers le haut les investissements turcs en Algérie. Cette «ruée» des industriels et investisseurs turcs en Algérie a détrôné la France en termes de nombre de projets d'investissements. Du coup, l'Algérie, avec cet intérêt manifeste de la Turquie pour des investissements lourds et à long terme, diversifie ses partenaires économiques et améliore le volume des projets économiques étrangers et le score des IDE (investissements directs étrangers).
La Turquie, très offensive sur le marché algérien avec des projets lourds, comme dans le rail ou la sidérurgie et le BTP, est en train de devenir un partenaire incontournable et se place désormais entre la France et la Chine en termes d'IDE. Certes, Ankara, critiquée par l'Occident pour ses positions troubles en Syrie et en Irak, pour sa guerre contre l'opposition kurde, pour ne pas respecter les droits de l'homme et la liberté de la presse, reste quand même une puissance économique qui attire chez elle les grands pôles industriels, dont la construction automobile ou navale, et d'affaires européens, asiatiques et américains. L'Algérie n'en demande pas plus.
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Posté Le : 28/02/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mahdi Boukhalfa
Source : www.lequotidien-oran.com