Tunis
De notre correspondant
Le 14 janvier sera fêté dans le calme, même s'il y aura des actions contre la non-réalisation des objectifs de la révolution, notamment le travail et la prospérité.
C'est la preuve que la liberté de manifestation, l'un des principaux acquis de la révolution, est toujours garanti. Pourtant, plusieurs villes de la Tunisie ont connu des manifestations nocturnes violentes, entre le 8 et le 12 janvier, pour protester contre la lf-2018. Ainsi, la cité Elintilaka, près de Tunis, a vécu des scènes de pillage dans un supermarché. Les postes de police d'El Battan, El Guetar (Gafsa) et Thala (Kasserine) ont été attaqués. La Recette des finances d'El Guetar a été dévalisée. 34 motocyclettes ont été dérobées de la fourrière municipale de Kasserine.
La Tunisie marginalisée a grondé quelques jours avant la fête de la révolution pour dire aux politiciens que sa population est désabusée et veut voir la concrétisation des promesses. Le calme est certes revenu grâce à l'action des forces de l'ordre et de l'armée, soutenues par une large frange de la population, opposée au pillage et au chaos. Toutefois, «c'est un signal qui ne trompe pas sur le volcan au-dessus duquel vit la Tunisie», comme l'a indiqué Saïd Aïdi, ex-ministre de la Santé et président du parti Beni Watani. Gouvernement et opposition s'accordent à dire que la Tunisie traverse une grave crise économique, comme le prouvent les indicateurs macroéconomiques. L'endettement extérieur est passé de 40%, en 2011, à 70% du PIB, aujourd'hui. Le dinar a perdu plus de 30% de sa valeur par rapport aux autres monnaies de référence (dollar, euro et livre sterling).
La balance des paiements est déficitaire de près de 15% du PIB. Le déficit budgétaire n'est pas descendu sous les 6%. La croissance est restée entre 1 et 2% durant les six dernières années. Et, cerise sur le gâteau, l'inflation officielle est montée à 6% ; l'inflation ressentie dépasse par contre les 20%. C'est très loin des engagements des politiciens de tous bords, qui ont promis monts et merveilles aux Tunisiens depuis la révolution, et notamment lors des élections de 2014. «Le pouvoir d'achat de la population a lourdement ressenti la hausse des prix, d'où la contestation sociale qui a atteint toutes les classes sociales et les catégories socioprofessionnelles, à l'exception de l'infime minorité des plus nantis», souligne l'économiste Sami Aouadi.
Désaveu
Le faible taux de participation de communauté tunisienne en Allemagne aux élections parlementaires partielles, en décembre dernier (5%), et le passage inaperçu de la révision des listes électorales (jusqu'au 6 janvier) montrent à quel point le Tunisien ordinaire désavoue déjà la chose politique qu'il vient à peine de découvrir. Le parlementaire ex-Nidaa Tounes, Walid Jalled, présente deux raisons pour expliquer la situation : «D'une part, les Tunisiens ne perçoivent pas de changement dans leur vécu quotidien.
La révolution n'a pas apporté l'eau à leur moulin. D'autre part, une grande partie des politiciens brillent par des doubles-langages criants qui éloignent cette population des voies de la politique.» Par ailleurs, ledit désaveu se concrétise, également, au sein de la classe politique, par l'absence de ceinture politique solide autour du gouvernement d'union nationale de Youssef Chahed. Pourtant, les grands partis, Ennahdha et Nidaa Tounes, le soutiennent. Il bénéficie même du soutien d'une large frange de la population depuis le lancement de la campagne contre la corruption en mai dernier. Mais, «cela ne saurait faire oublier la faim aux ventres creux», rappelle le secrétaire général de l'UGTT Noureddine Taboubi, qui appelle le gouvernement à des mesures en faveur des plus démunis.
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Posté Le : 14/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mourad Sellami
Source : www.elwatan.com