Algérie

«Les Tunisiens ont appris à dire non»



Tlemcen
De notre envoyé spécial

Elle reconnaît que, par le passé, les productions culturelles étaient au service de la vision unique. «La domination de la culture officielle n’a pas empêché l’émergence de cultures parallèles, libres qui nous ont fait connaître ailleurs. Aujourd’hui, nous vivons dans un certain brouillard. La révolution n’a pas encore abouti, mais les portes de la liberté ont été ouvertes. Des livres interdits il y a quelques mois circulent en Tunisie. Cela dit, le véritable créateur, même censuré, arrive toujours à dire quelque chose», nous a-t-elle déclaré, en marge d’une conférence au palais de la culture Imama à la faveur de la Semaine tunisienne figurant au programme de «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Qualifiant la révolution d’événement historique, elle estime que les Tunisiens doivent pousser plus pour améliorer tous les aspects de la vie et éviter le retour du parti unique sous d’autres formes. «Il y a peut-être risque d’une résurrection de la culture officielle, mais les Tunisiens ont appris à dire non, à pointer du doigt l’officiel qui veut jouer avec leur destin et le rappeler à l’ordre», a-t-elle relevé. «Je souhaite à tout citoyen arabe de connaître ce que nous vivons en Tunisie. Il y a actuellement un large débat intellectuel et idéologique. Les portes sont ouvertes à la pluralité, à la différence même sur les principes, sur les références et sur les visions. Nous vivons une nouvelle vie culturelle. Que voulons-nous de plus '», s’est-elle demandée. Rien que pour cela, les Tunisiens sont prêts à lancer la révolution. «Et advienne que pourra !», a lancé l’universitaire. L’élite doit, selon elle, contenir la révolution provoquée par la population et rafraîchir les idées, les débats et les réflexions. «Les intellectuels tunisiens vivent la fête. Chacun donne son avis. Cela dit, les choses ne sont pas encore stabilisées. Certains intellectuels ont choisi le silence, d’autres l’isolement et l’attentisme. Cependant, il y a des intellectuels qui activent sur le terrain pour faire réussir le processus révolutionnaire en cours. Le risque de la contre-révolution existe toujours. Aussi, devrions-nous éviter que le débat intellectuel s’éternise. Il faut qu’on accélère les choses pour passer à l’étape de la construction», a préconisé Najoua Riahi Kosontini. Lors d’une autre conférence, Rajaa Al Aouadi, directrice du Centre national tunisien de la calligraphie et spécialiste du patrimoine islamique, a relevé que les chercheurs et les historiens du Machreq n’ont pas été totalement justes avec l’apport des Maghrébins à la calligraphie arabe. Une contribution qui remonte au quatrième siècle de l’Hégire. Selon elle, les Tunisiens ont assoupli l’écriture koufie. El Kairouan, qui fut fondée par Okba Ibn Nafaâ, fut le berceau d’une calligraphie de haute facture. «Ciselée, remodelé, El kufi, dont l’origine remonte à la ville d’El Koufa en Irak, porte la marque d’El Kairouan», a-t-elle dit. Elle a rappelé aussi que les Maghrébins ont développé El Kufi moghrabi. La semaine tunisienne s’achève aujourd’hui avec la projection du long métrage Thalathoun de Fadhel Al Jaziri à la maison de la culture et aux sons d’une soirée musicale animée par la chanteuse Zohra Al Ajnef.
 


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