Les Tunisiens, l''uf et la poule

Il était demandé hier aux Tunisiens de voter pour une nouvelle Constitution. Mais des forces politiques, à leur tête le parti islamiste Ennahda ont dédoublé leur activisme et ont appelé au boycott pour s'opposer à la volonté du président de la République tunisienne d'avoir les mains libres pour laisser entendre vouloir détenir le pouvoir dont il a besoin pour éviter la pagaille à son pays.A bien des égards, la situation actuelle de la Tunisie ressemble à celle de l'Egypte de l'après-Hosni Moubarak. Dans les deux pays, il ne reste de ce qu'on qualifie de printemps arabe qu'une ombre fantomatique car leurs deux peuples se sont rendu finalement compte que la vraie démocratie n'est pas un plat qui se mange chaud. Ils réalisent au bout du compte que les révolutions qu'ils ont entreprises au prix du sang ne sont que l'exigence d'une justice sociale qui résume le mieux le condensé de la démocratie quelles que soient les formules de la gouvernance.
En attendant, le débat et l'a priori resteront permanents pour l'ensemble des sociétés humaines et des acteurs politiques, chacune et chacun donneront leur vérité sur l'énigme de l'?uf et de la poule. Pour le peuple tunisien, il est d'abord question aujourd'hui de trouver de quoi se nourrir ne s'embarrassant plus des théories philosophiques particulièrement en jachère. Les nuages sombres qui planent sur le pays et que la crise économique et pandémique mutualisée a davantage noircis, présagent un futur pénible. La forte asphyxie qui étrangle les Tunisiens qui ne lésinent plus à tendre la main pour un éventuel sauvetage, ne laisse qu'un espace réduit aux man?uvres politiques classiques. Ce n'est pas faire preuve d'étatisme que de convenir que le soulèvement populaire en Tunisie devait se suffire de ne représenter qu'une secousse ou un spasme pour une finalité autre que celle espérée.
La fragilité de ses assises institutionnelles et économiques a été le talon d'Achille d'un pays qu'on a trop vite érigé dans la précipitation en exemple de démocratie.