Algérie

Les Tunisiens «enterrent» Marzouki



Dans un jugement rendu mer-credi dernier, en première instance par le tribunal de Tunis, l'ancien président Moncef Marzouki a été condamné par contumace à 4 années de prison ferme. Sur instruction du chef de l'Etat Kaïs Saïed, la ministre de la Justice, Leila Jaffel, a demandé au parquet général l'ouverture d'une enquête judiciaire au lendemain d'une déclaration de Marzouki à plusieurs médias, depuis Paris où il réside. C'était en octobre dernier. En aval d'une manifestation dans la capitale française contre les mesures de Kaïs Saïed, notamment le gel du Parlement, Marzouki a exhorté la France à s'ingérer dans les affaires intérieures tunisiennes «pour défendre la démocratie». Puis il a affirmé sur France 24 sa «fierté» d'avoir oeuvré au report du sommet de la francophonie prévu en Tunisie. Il a réitéré ces propos sur diverses chaînes dont al-Jazeera, provoquant de nombreuses réactions indignées sur les réseaux sociaux. Le président Saïed s'en était ému et avait qualifié les dires de Marzouki d'«atteintes à la sûreté nationale», et l'ancien président de «traître à la patrie». Réagissant à la demande de plusieurs parties dont d'anciens responsables et des formations politiques, il a également retiré à Marzouki son passeport diplomatique. Il ne sagit pas de la seule plainte déposée contre l'ancien chef d'Etat tunisien. Une autre est en instance devant le tribunal de l'Ariana, en banlieue de la capitale, pour «injures et diffamation» proférées sur les réseaux sociaux et à al-Jazeera. Dès le lendemain de ses déclarations, Marzouki a eu droit à une volée de noms d'oiseaux tant il a soulevé un immense tollé en Tunisie, non seulement auprès des médias mais également de l'opinion publique, toutes tendances confondues. Son appel à l'ingérence étrangère et son prétendu rôle dans le report du sommet de la francophonie, au moment où le pays traverse une crise socio-économique et pandémique aiguë, ont profondément indigné à tel point qu'il fut contraint de fermer sa page Facebook et même de (re)nier ses déclarations. Une volte-face qui ne surprend pas quand on connaît le personnage. Marzouki avait maintes fois déversé sa bile sur l'Algérie, allant jusqu'à prétendre que le sabordage de l'UMA lui incombe. Proche du Makhzen, il s'est efforcé de donner des gages au royaume marocain après avoir oeuvré selon les exigences d'une monarchie du Golfe. Au-delà des errances et des dérives de l'homme, il reste que le mandat d'arrêt international lancé contre lui a peu de chance d'aboutir, dans la mesure où toutes ces péripéties relèvent de la politique. Quant à son ambition de revenir sur la scène politique tunisienne, il suffit de se référer au dernier sondage qui lui accorde 2% des suffrages, conformes aux 2,9% qu'il avait obtenu aux élections de 2019. Autant dire que, pour les Tunisiens, il avait beau promettre un «retour triomphal» en novembre dernier, mais qu'en définitive, ils ont, bel et bien, tourné la page.


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