Algérie

Les Tunisiens appréhendent le mois de Ramadhan



De Tunis, Mohamed KettouLes prix flambent bien avant l'arrivée du mois saint. Le saut en hauteur se poursuit et nul ne peut prévoir quel degré ils atteindront dans trois semaines malgré certaines déclarations peu apaisantes.
On ne parle pas des viandes, surtout celles du poulet ? refuge des pauvres ? qui viennent de connaître une nouvelle augmentation. D'ailleurs, on ne cache pas l'intention de lever, progressivement, le soutien des prix de certains produits tels que celui, déjà appliqué, des carburants à la pompe. Ce qui ne manquera pas d'avoir des répercussions sur les prix à la production énergivore. Pire encore, le prix du lait sera, bientôt, augmenté et la différence supportée par le consommateur sera versée aux producteurs, affirme-t-on. Voilà une « aberration » qui consiste à appauvrir un « smigard » au profit d'un éleveur, au minimum, millionnaire. Voilà pour la microéconomie et le couffin de la ménagère qui ne sait plus à quel saint se vouer.
Au chapitre de la macroéconomie, la situation est jugée pire. Tout ou presque est bloqué faute d'investissements dont les détenteurs se sont inscrits au tableau des abonnés absents. Au niveau des dons, la Tunisie s'en prive inconsciemment comme l'atteste le Tunisien Lotfi Belhaj, vice-président du Bureau de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Celui-ci a affirmé, vendredi, que la Tunisie a laissé filer des dons de l'ordre de cinq milliards de dollars, restés gelés en raison de lourdeurs bureaucratiques. Une somme, encore plus importante de 600 millions d'euros offerts par l'Union européenne, a connu le même sort à cause du blocage que vit le Parlement. Dans ce contexte de mauvaise gestion, les investisseurs tunisiens, épinglés par les gouvernements successifs qui règnent depuis 2011, affichent un profil bas et n'osent pas engager leurs fonds dans un pays déchiré par une instabilité politique interminable, qui connaît son paroxysme depuis la présidentielle et les législatives de 2019. Sans compter les milliers de grèves qui bloquent les sites de production, en particulier ceux du gaz, du pétrole ou du phosphate, qui n'atteint que le tiers de son niveau de 2010. A cela s'ajoute le déficit engendré par le secteur touristique fortement impacté par la Covid-19.
D'aucuns pensent, aujourd'hui, que le pays devient ingouvernable depuis que la hache de guerre a été brandie par les trois têtes du pouvoir, soit le président de la République, le chef du gouvernement et son protecteur, le président du Parlement. Et ce n'est pas demain que la crise, essentiellement politique, sera résolue. Sachant que chacun des protagonistes campe sur ses positions de refus d'adhérer aux thèses des autres et ceux qui parlent d'un dialogue national doivent déchanter. D'ailleurs, le mot a été lâché il y a trois jours, par le chef du gouvernement, Hichem Mechichi qui, sans choquer le peuple, reconnaît que la situation économique est « très grave ». Ce n'était pas un secret. Car le peuple sait que le pays croule sous l'endettement, n'arrive pas à financer le budget de l'Etat sans recours à la dette et, surtout, demeure sous la menace d'une explosion dont le détonateur est une jeunesse aux abois qui souffre d'un chômage endémique.
M. K.


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