La protesta ne semble pas faiblir. Au coeur de la capitale, quadrillée par l'armée suppléant aux défaillances de la police et survolée à basse altitude par des avions de chasse, le peuple des manifestants ne veut pas lâcher prise. De la mythique Midan Etahrir à Mansourah (Delta du Nil), la voix des «Â jeunes d'Egypte » se refuse à tout compromis et revendique clairement le changement de régime. Ni la démission du gouvernement, ni les nouvelles nominations (le patron du renseignement au poste de vice-président et le ministre sortant de l'Aviation en qualité de Premier ministre), ni les promesses d'ouverture de Moubarak n'ont eu d'effet sur le mouvement protestataire porteur d'espoir de changement démocratique. L'Egypte, menacée de paralysie totale (fermeture des banques, des entreprises et de la bourse, arrêt des examens à l'université…), vit le temps du basculement particulièrement accentué par le rapatriement massif des ressortissants étrangers et des voyagistes et, fait aggravant, le départ en exil des Al Moubarak et autres Sawaris. Une fin d'époque ' La «Â révolution égyptienne pour une nouvelle Egypte », selon la bonne formule de l'auteur de L'immeuble de Yacoubian, l'écrivain Alaan El-Aswani, présent à toutes les manifestations, est en marche vers son nouveau destin durement arraché par les sacrifices des siens. Aux manœuvres de sérail décrétant le changement gouvernemental pour tenter de contenir la grogne populaire et à la férocité de la répression (une centaine de morts et 2.500 blessés), la dynamique de changement interpelle la coalition de l'opposition exigeant «Â le départ sans délai » de Moubarak et l'avènement d'un «Â gouvernement de transition » excluant le PND au pouvoir. Cette coalition regroupant les mouvements d'opposition dont les frères musulmans, a apporté sa caution à El Baradei chargé de conduire la négociation avec le pouvoir. La transition a-t-elle pour autant commencé ' L'ancien patron de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) a dénoncé violemment la position ambivalente de Washington qui redoute, avec son protégé israélien, de perdre son plus important allié dans le monde arabe. Dans l'émission Face the Nation, émise depuis Le Caire, par la chaîne CBS, il a dénoncé violemment les Etats-Unis en perte de «Â crédibilité ». El Baradei a relevé que «Â d'un côté vous parlez de démocratie, d'Etat de droit, de droits de l'homme et, de l'autre, vous apportez toujours votre soutien à un dictateur qui continue d'opprimer son peuple ». Les réformes devenues inéluctables ont conduit le département d'Etat à demander au Caire de «Â faire plus » pour assurer «Â une transition en bon ordre ». Car, bien loin des garanties de «Â stabilité » affirmé par Hillary Clinton, aux premiers jours des manifestations, la perception américaine a évolué pour prendre la forme d'injonctions en faveur de «mesures concrètes » et «Â plus de réformes». Il s'agit, pour le porte-parole du département d'Etat, P. J. Crowley, d'aller au-delà de la simple décision de « rebattre les cartes et puis rester intransigeant ». A la remorque de Washington, l'Europe des trois, constituée de Sarkozy, Merkel et Cameron, plaide pour le lancement d'un «Â processus de changement » et la fin du cycle de violence. Mais, qui d'El Baradei, érigé en homme providentiel, ou de Souleïman, présenté en candidat sérieux à la succession de Moubarak, veillera aux destinées de la nouvelle Egypte '
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Posté Le : 30/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Larbi Chaabouni.
Source : www.horizons.com