Algérie

Les tricheurs


Il est très rare de voir les sous-traitants intervenant dans la voirie effectuer des travaux bien accomplis. Qu?il s?agisse de la remise en l?état des lieux, de la réfection des trottoirs, du revêtement ou du rapiéçage de la chaussée, les intervenants lésinent sur les moyens et trichent sur la formulation des composants. Les exemples sont légion et il n?y a qu?à constater les laideurs commises par-ci par-là le long de certaines artères de la capitale, qu?on désigne, par fausse pudibonderie, « défauts ». Et lorsqu?il s?agit de certaines voies jugées secondaires, la triche et le bricolage sont patents. Il y a lieu de citer la pose du béton bitumineux, qui ne porte parfois que le nom. Dotés pourtant de moyens adéquats, comme la station d?enrobage, nombre de permissionnaires auxquels sont confiés les travaux de revêtement des chaussées, dissimulent les défauts par des artifices, s?illustrent par leur agression caractérisée contre le bon goût, non sans faire dans la tâche expéditive. L?essentiel pour eux est d?aller vite en besogne, pour s?adjuger un autre marché, sachant que le contrôle ne passera pas, ou fermera l??il sur les imperfections qui sont loin d?être menues. Car comment expliquer qu?une voie, à peine asphaltée que le bitume commence à se désagréger. Constatant l?indélicatesse commise sur un espace public, payé par le contribuable, je me suis rapproché d?un ami qui avait trimé à l?ex-Etral (Entreprise des travaux routiers d?Alger), pour répondre à mon ingénue interrogation : « Pourquoi le revêtement du béton bitumineux colle mal à nos routes, n?adhère pas à nos chaussées et devient si allergique au contact de certains tronçons ? » lui dis-je niaisement. « Tout simplement, parce que l?entrepreneur ne respecte la formulation en matière de quantité des matériaux, notamment dans la charge des différents graviers entrant dans la composition de l?enrobé », s?efforce-t-il de m?expliquer. « Et le rôle du laboratoire spécialisé dans l?analyse des matériaux en question, il se résume à quoi ? » insistait-je. « Eh ben, toute la question réside à ce niveau », assène-t-il ! Là, je me tais? Je poursuis mon bonhomme de chemin du côté du boulevard Omar-Lounès, et mon compagnon de me susurrer à l?oreille : « Tu vois cette fraîche cuvette qui borde le trottoir ? » « Oui, qu?a-t-elle d?anormal ? », lui demandais-je l?esprit brouillé. « Eh ben, me répondit-il, la règle de l?art veut que le caniveau soit réalisé avec du béton armé et non avec du mortier friable. » « Mais il y a le contrôle qui peut rappeler à l?ordre l?entrepreneur, non !? », lui dis-je sur un ton puéril. « Mon vieux, je vois que t?as rien pigé », me lança-t-il furtivement non sans grincer des dents.
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