Algérie

Les travailleurs menacent de rallier le Nord


C’est un total déséquilibre des chantiers de production des hydrocarbures du Sahara algérien qui se profile à l’horizon. Les revendications portent essentiellement sur le régime indemnitaire des travailleurs des zones pétrolières du Sud qui s’estiment lésés par la nouvelle convention collective de branches. A Oued Irara, le 27 février dernier, une grève de la faim entamée par plus d’un millier de travailleurs de Sonatrach au niveau de la base-vie Irara, l’une des plus importantes, a enclenché un mouvement de protestation.
Au lendemain de la visite du ministre de l’Energie et des Mines dans plusieurs zones de production, en commémoration du 40e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, ces derniers ont boycotté le repas de midi pour réclamer une vraie augmentation des salaires au lieu du «cadeau empoisonné» de la nouvelle convention collective de branches qui prévoit une négociation par entité et en fonction de la santé financière de chaque filiale du groupe Sonatrach. Depuis, les travailleurs de Hassi R’mel se sont insurgés contre les négociateurs de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie qui auraient proposé et accepté une augmentation salariale de seulement 10% alors que les travailleurs du Sud en réclament 87%. Après Noumerat et Tin Fouyé Tabankort, c’est au tour de Haoudh El Hamra, Gassi Touil et Haoudh Berkaoui. Pour nos interlocuteurs, «ce qui motive cette ébullition des pétroliers du Sud est l’écart de plus en plus dérisoire entre les salaires consentis dans le même secteur dans les chantiers du Sud et ceux du Nord alors que les conditions de travail et de vie sont loin d’être les mêmes». Une augmentation salariale de l’ordre de 87% est considérée comme un minimum pour s’aligner un tant soit peu sur les salaires offerts par les compagnies étrangères et maintenir une attractivité de la rémunération au Sud, juge un cadre de Sonatrach. Un salaire incitatif motivant le déplacement et l’isolement de la famille et de la vie sociale dans un système de rotation infernal de 4x4 pour les plus privilégiés ou de 6x2, c’est-à-dire un repos similaire au temps passé sur chantier ou de deux semaines seulement quand on a travaillé 6 semaines d’arrache-pied. Les grévistes et les travailleurs solidaires estiment que les négociations devraient tabler sur un minimum de 50% au lieu des 10 qui restent très loin du minimum admis. Le malaise est le même dans toutes les filiales de Sonatrach et la défection des délégués syndicaux suscite la colère de la base ouvrière. A l’Entreprise nationale des travaux aux puits (ENTP) à titre d’exemple, les travailleurs se soulèvent épisodiquement contre la «mainmise» d’un groupe de syndicalistes qui, selon les termes d’une lettre adressée dernièrement au patron de la centrale syndicale, «ont opté pour la compromission tous azimuts, sacrifiant les travailleurs pour leurs seuls intérêts». Une large frange des travailleurs de cette filiale de Sonatrach décrie le «simulacre» de renouvellement des sections syndicales de base et du syndicat d’entreprise. Les travailleurs de l’ENTP estiment que les négociations salariales initiées par la centrale UGTA ont permis aux différents collectifs du secteur de l’énergie de bénéficier d’augmentations et que le combat est loin d’être gagné pour ceux de l’ENTP qui se sont contentés de 7%. C’est ainsi qu’un mouvement de protestation s’est dernièrement déclenché au «restaurant 2000» de la Base du 11.12.1960 sur fond de mauvaises conditions de restauration et de prise en charge servies par un prestataire privé. Dans une lettre adressée simultanément au secrétaire général de l’UGTA ainsi qu’aux représentations syndicales locales, les travailleurs de l’ENTP exigent de la centrale syndicale de se positionner de leur côté et d’initier une commission indépendante pour gérer les prochaines élections syndicales.
 
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