Algérie

Les travailleurs maintiennent leur mobilisation



La contestation en ce jour du 1er Mai, à Alger et dans plusieurs autres villes du pays, était particulièrement vive. Des centaines de travailleurs sont sortis dans les rues pour exprimer leur ras-le-bol, exiger le départ des tenants du pouvoir, et appeler à l'émancipation des travailleurs et à la réappropriation de leur syndicat historique, l'UGTA. Cette journée a été célébrée sur fond de colère sociale. La classe ouvrière a investi la rue pour dénoncer aussi les effets dangereux d'un système centralisé et hiérarchisé, sous le cachet du « capitalisme » provoquant la décomposition du principe de « la justice-sociale ».Un seul mot d'ordre pour cette journée : rendre au travailleur algérien sa dignité et ses droits violés par un système bureaucratique sans état d'âme. L'évolution du travailleur algérien dans une spirale sans fin de dégradation des droits sociaux, l'a incité hier à sortir et répondre en nombre à l'appel lancé par via les réseaux sociaux à marcher à travers toutes les villes du pays. C'est ce qu'ils ont fait, tôt le matin, des centaines de travailleurs et syndicalistes représentants tous secteurs confondus se sont rassemblés devant la place emblématique de la contestation, la Grande Poste, sous la haute surveillance policière. Egalement, présente en force. Des dispositifs dépêchés et placés au niveau des différentes artères du centre d'Alger, afin de les empêcher de se réunir. En dépit de cet empêchement, les travailleurs hommes et femmes se sont imposés à la place du 1er Mai, lieu du départ de la marche. Un important rassemblement a été observé à proximité de la centrale syndicale de l'UGTA où les protestataires ont brandi des slogans, appelant au départ du système politique, les poursuites contre les corrompus, le départ du président de l'UGTA Abdelmadjid Sidi Said et l'organisation d'une véritable transition, sans l'implication du pouvoir en place. « Aujourd'hui, notre combat est celui du mouvement populaire. Le peuple est l'unique source du pouvoir et l'arrestation des hommes d'affaires n'est que leurre. Le système judiciaire n'est pas blanc, il est complice et initiateur de la corruption », a indiqué Benyoucef Mellouk, venu soutenir les travailleurs algériens, longtemps ignorés par le système de la rente. Du haut de son âge de 80 ans, il a dénoncé énergiquement l'état de dépravation du système judiciaire du pays et le meurtre massif des sections syndicales sous l'ère du capitalisme imposé. 12h00, la police fait usage de la force pour disperser les manifestants, qui ont réussi à braver le cordon des policiers et rejoindre peu à peu le centre d'Alger pour renforcer la mobilisation de leurs confrères du côté de la Grande Poste. La foule a envahi le boulevard Hassiba Ben Bouali et s'est dirigée vers le boulevard Amirouche, pancartes et affiches à la main, levées dans le ciel bleu. « Nous sommes plein d'espoir, notre lutte est légitime et se poursuivra jusqu'à ce que nous atteignons le bout du tunnel », balance Naziha, fonctionnaire dans une entreprise publique, sur la sellette, chaque mois. Un cas parmi des millions d'autre qui souffre de la précarité socio-économique. Après les étudiants avant-hier, c'était au tour des travailleurs de sortir et affirmer leur résolution face au scepticisme de certains qui commencent à perdre espoir de cette révolution du « sourire ». En sortant en masse, les travailleurs algériens ont battu le pavé et prouvé une fois de plus leur détermination de poursuivre leur lutte et s'affranchir d'un système pourri et corrompu. La sortie d'hier a été caractérisée par l'exigence d'une transition démocratique réelle et le rejet des solutions expéditives proposées par l'institution militaire qui jusque-là selon certains manifestants n'ont satisfait aucune revendications populaires. Hier, les travailleurs sont sortis célébrer la fête internationale des travailleurs à leur manière. Une sortie dictée par la situation politique controversée du pays. Il ne se passe pas un jour sans que les travailleurs d'un secteur ou d'autre n'investissent les rues pour exprimer leur colère et afficher le maintien de la mobilisation. En dépit des empêchements et des blocages, les travailleurs algériens ont accompli leur journée de mobilisation et de contestation dans le calme, sans embrouilles.


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