Algérie

Les travailleurs journaliers livrés à eux-mêmes à Sidi Bel Abbès



Ils sont maçons, garçons de café, femmes de ménage, plombiers, transporteurs? Fortement impactés par l'arrêt de la quasi-majorité des activités à Sidi Bel Abbès en raison du Covid-19, des milliers de travailleurs journaliers se sentent abandonnés, livrés à eux-mêmes.«Je ne sais pas encore comment faire pour trouver un taxi clandestin. Encore moins comment le payer», soupire Abassia, femme de ménage à mi-temps, après s'être acquittée de sa tâche dans l'une des annexes de la commune.
Depuis le début de la pandémie, elle se contente d'assurer un service minimum modestement rémunéré par l'APC de Sidi Bel Abbès, après la fermeture de plusieurs cafés et restaurants, où elle avait encore la possibilité de percevoir un revenu complémentaire, mais tout aussi modeste. La soixantaine entamée, mère de quatre enfants, elle est désormais obligée de parcourir un long chemin à pied, de son domicile d'El Graba jusqu'au faubourg Thiers, de l'autre côté de la ville.
La mise à l'arrêt du transport public (bus, taxi, tramway) par les pouvoirs publics complique ses déplacements malgré la modification, depuis le 12 mars dernier, de son planning hebdomadaire réduit à deux vacations par semaine. Et, en pareille situation, elle ne peut compter que sur elle-même. «Les plus âgés de mes enfants sont au chômage.
Depuis le décès de leur père, je suis seule à subvenir aux besoins de la famille», dit-elle. « Avec cette pandémie, il est encore plus difficile de joindre les deux bouts, avoue-t-elle. La solidarité familiale et les aides apportées par des âmes charitables permettent encore de tenir le coup, mais jusqu'à quand '»
Sofiane, 42 ans, plongeur dans un café du centre-ville, est en confinement prolongé depuis la fermeture de l'établissement qui l'employait. Il sort rarement, juste pour s'approvisionner chez l'épicier du coin ou recharger son crédit téléphonique. «J'ai déjà entamé mes maigres économies.
Je ne sais pas si cela va durer longtemps, mais en attendant, je crois que je vais devoir vendre mon téléphone pour payer l'épicier?», dit-il, hésitant. Vivant déjà dans la précarité, plombé par des dettes, il a surtout du mal à supporter cette promiscuité étouffante dans un deux pièces-cuisine avec une demi-douzaine de frères et s?urs.
Mouffok, représentant local de l'Organisation des transporteurs (ONTA), est débordé par les sollicitations quotidiennes des chauffeurs de taxi. «Du jour au lendemain, des centaines de chefs de famille se sont retrouvés sans le moindre revenu. Ils ne savent plus où donner de la tête», atteste-t-il avec amertume. A la mi-février, la décision de suspendre l'activité des transporteurs a «mis au chômage quelque 5000 chauffeurs de taxi immatriculés dans la wilaya de Sidi Bel Abbès», précise-t-il.
«J'ai saisi par écrit toutes les instances publiques pour la mise en place d'un plan d'aide et d'assistance aux transporteurs. Je n'ai reçu aucune réponse à ce jour», ajoute-t-il. Pourtant, selon lui, des propositions ont été formulées afin de remettre en activité les plus démunis parmi les chauffeurs de taxi en adoptant des mesures drastiques de protection contre la propagation du Covid-19. «Les pouvoirs publics doivent impérativement prendre des mesures urgentes car la situation est critique», prévient-il.


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