Algérie

Les travailleurs empêchés de marcher



Les travailleurs ont été empêchés de marcher en ce symbolique jour du 1er Mai. Un impressionnant dispositif a été déployé au niveau de la place du 1er-Mai qui a été littéralement assiégée par des policiers décidés à interdire l'accès à la Grande-Poste. Ils ont usé de gaz lacrymogènes et interpellé des syndicalistes. Déterminés, des centaines d'entre eux ont réussi à se rassembler au niveau de la Grande-Poste. Ils ont crié leur rejet du système.Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Tolérance zéro pour la marche à laquelle avait appelé la Confédération des syndicats algériens (CSA). Dès dix heures du matins, les accès menant à la place du 1er-Mai, point de départ de la marche, étaient quadrillés par un dispositif impressionnant.
Des centaines de policiers interdisaient systématiquement l'accès à toute personne voulant rejoindre la symbolique place. C'est un véritable état de siège qui a été imposé non seulement aux travailleurs venus manifester mais à l'ensemble des piétons.
Les policiers ayant reçu l'ordre de ne laisser personne passer ont appliqué les ordres avec zèle, empêchant même les personnes devant se rendre à l'hôpital Mustapha-Pacha d'emprunter les ruelles perpendiculaires à la rue principale. Une interdiction qui a eu pour conséquences des moments de grande tension entre citoyens et policiers. Aux alentours de 10h30, ordre a été donné de repousser les manifestants. Pour ce faire, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes, occasionnant à beaucoup de manifestants des malaises. La police profitera de cet instant pour procéder à des interpellations musclées. Plusieurs syndicalistes ont été conduits de force vers les postes de police.
En dépit de ce déchaînement policier, ils étaient nombreux à avoir rusé pour rejoindre la Grande-Poste. Les escaliers de la mythique bâtisse étaient en effet noirs de syndicalistes venus de plusieurs wilayas et représentant un grand nombre de secteurs d'activités.
Drapés de l'emblème national, ils ont scandé les slogans en vogue depuis le début du processus révolutionnaire, appelant au départ du système, tout le système, et s'opposant à la période de transition. Sur les banderoles, les travailleurs ont fait part de leurs craintes.
Sur une grande banderole, l'un d'entre eux a écrit « La transition est l'affaire du peuple » tandis qu'un autre avait écrit « la révolution du 22 février est en danger ». Massés sur les escaliers de la Grande-Poste, les syndicalistes ont crié leur détermination de préserver les acquis arrachés au prix d'années de luttes syndicales acharnées, d'embûches et de marginalisation. Hier encore, ils ont pu constater que le droit fondamental à l'expression était encore très fragile et que la mobilisation syndicale devait rester intacte.
La Confédération des syndicats autonomes, née après des années de marginalisation des syndicats autonomes, l'a bien compris. Si la marche d'hier a été empêchée, les syndicalistes ont tout de même réussi à se faire entendre et à se réapproprier une date plus que symbolique, loin du folklore des « festivités » officielles et des discours creux.
N. I.


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