Algérie

Les travailleurs du 1er Mai et le soldat Sidi Saïd


La tornade Khalifa est passée par là. La rituelle lettre du président de la République aux travailleurs, à l'occasion de la fête du 1er Mai, n'a pas «transité» par le secrétaire général de l'UGTA. Il y a une année, c'était Sidi Saïd qui avait réceptionné la lettre et c'était lui qui l'avait lue aux braves travailleurs d'Algérie. Beaucoup avaient fait part, en cette occasion, de leur désappointement de voir le monde du travail réduit à la seule UGTA. Mais, dans le droit fil de la pratique du pouvoir, le président Bouteflika a continué à considérer l'UGTA comme « seul » et « unique » représentant légitime du monde du travail. C'était un anachronisme qui mettait en fureur les syndicats autonomes. Il était la manifestation délibérée d'une volonté d'entretenir le monopole d'un appareil enkysté et débordé par le développement - malgré les contraintes et les entraves - de syndicats autonomes. Une année plus tard, il est manifestement difficile au président de la République de tendre une autre perche au soldat Sidi Saïd après le fameux « j'assume » de Blida. Sa lettre s'adresse aux travailleurs d'Algérie et elle ne fait pas référence à l'UGTA. Est-ce enfin une reconnaissance de cette réalité des syndicats autonomes qui, contre vents et marées, s'incrustent dans le paysage ? Ce serait peut-être une conclusion hâtive. Si le soldat Sidi Saïd Abdelmadjid ne peut plus être un « héros » travailleur - le bruyant soutien de Louisa Hanoune ne pouvant rien changer à l'affligeante confirmation de Blida -, l'appareil, lui, devrait continuer à bénéficier des largesses du pouvoir. L'appareil reste en effet utile sans la « stabilisation » du monde du travail et pour contenir le développement de syndicats autonomes moins « réalistes », selon les canons du système. C'est, d'ailleurs, ce qui explique que sans attendre les inévitables « adieux » de Abdelmadjid Sidi Saïd, une « dissidence » soit apparue il y a quelques semaines. Le profil d'un des chefs de cette dissidence est un éclairage en soi : Amar Mehdi est sénateur du tiers-désigné, membre du RND et de la commission exécutive de l'Ugta. La riposte a été ferme : suspension pour activité en dehors du cadre réglementaire. A l'évidence, la course au pouvoir est lancée à la veille du 11ème congrès de l'Ugta. A juste titre, beaucoup s'étaient interrogés du réveil de Amar Mehdi qui découvre, subitement, la « passivité » de l'Ugta. Dans l'appareil, Salah Djenouhat veille. Il a bien exclu d'être candidat si Abdelmadjid Sidi Saïd se présenterait pour un autre mandat. Mais un nouveau mandat est-il réellement envisageable après l'affaire de l'argent des oeuvres sociales perdu dans le trou de Khalifa ?  Mais ces péripéties d'appareil ne doivent pas occulter qu'il existe bien une « passivité » - d'autres utilisent des expressions moins polies - de la centrale syndicale. Il est difficile de présenter la récente hausse du SNMG à 12.000 dinars comme une grande avancée pour le monde du travail. On est très loin du souhait des 25.000 dinars... Il est même surprenant d'apprendre au gré des nouvelles qu'il y a encore des « retards » dans le paiement des salaires... Il ne sert même pas de chercher une présence syndicale significative dans le secteur privé... Au pays de l'informel, les syndicats sont plutôt dans le secteur public ou dans l'administration. Petite consolation, le président ne s'adresse plus aux travailleurs par le biais de l'Ugta. Il en a fallu du temps et un gros scandale...
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