Algérie

Les travailleurs de l'ENIEM voient leur pouvoir d'achat s'effondrer Ils revendiquent leur part du bénéfice de l'entreprise



Les travailleurs de l'ENIEM voient leur pouvoir d'achat s'effondrer Ils revendiquent leur part du bénéfice de l'entreprise
Photo : M. Hacène
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Lakhdar Siad

Les travailleurs de l'Eniem (Entreprise nationale des industries de l'électroménager), l'une des rares entreprises rescapées du plan étatique de privatisation des entreprises publiques et qui sauvegarde encore un minimum d'emplois dans la région de Kabylie, ne sont pas satisfaits de leur situation socioprofessionnelle et exigent de leur direction de revoir certains aspects de leur contrat liés notamment au pouvoir d'achat qui ne cesse de se dégrader après l'incessante flambée des prix des fruits et légumes et les augmentations importantes récentes des tarifs dans le secteur des transports.
Située dans la zone industrielle de Oued Aissi, dans la périphérie de Tizi Ouzou, l'entreprise, qui nourrit plus de 2 000 familles, a connu, ces derniers jours, un mouvement de grève de plusieurs jours initié par un collectif des salariés et ponctué par des rassemblements devant la direction afin d'exiger une revalorisation des salaires et des primes, contenue dans le contrat signé entre les deux parties il y a environ deux ans. Demande que ne nie pas la direction qui avance le respect du calendrier en rapport avec l'établissement du bilan de l'exercice précédent (2012) de l'entreprise et qui doit se faire le mois de mars prochain. Un bilan que le collectif prévoit «positif», selon leur propre avis. Le syndicat d'entreprise, affilié à l'Ugta, a tenté de jouer un rôle en entamant des négociations avec la Société de gestion des participations de l'Etat (Sgpe) qui relève du secteur, tout en appelant les grévistes à reprendre le travail, alors que les travailleurs exigent la révision immédiate de leurs salaires ou bien un engagement écrit quant aux augmentations à venir. Cela dit, l'Eniem a longtemps vécu étouffée par la dette, qui s'élevait à 13 milliards de dinars. Un endettement essentiellement en devises, contracté par les entreprises publiques du pays en grande partie durant les années quatre-vingt pour cause d'«absence de ressources externes». La dévaluation et les pertes de change des années quatre-vingt-dix ont fortement handicapé les caisses de l'entreprise. De plus, l'entreprise payait près d'un milliard de dinars de frais financiers, l'équivalent de 14 mois de salaire des travailleurs de l'Eniem. Durant les années 1993/94/95 elle payait à découvert avec un taux d'intérêt de 22%. Ce n'est qu'en septembre 2009 qu'une notification du Trésor public de la décision du gouvernement d'annuler environ 13 milliards de dinars de sa dette, qui était à cette période de 18 milliards de dinars, au même titre que deux autres entreprises de la wilaya de Tizi Ouzou, à savoir l'Enel (Azazga) et Leader meubles Taboukert (Tizi Rached) et 299 autres sociétés jugées solvables par le gouvernement, qui a établi un plan de redressement ces entreprises.
Une ordonnance a été votée par l'ex-APN pour assainir ces entreprises à l'aide d'une d'autorisation permanente auprès du Trésor public. L'article 59 du texte édicte que «le Trésor public est autorisé à procéder à l'assainissement financier des entreprises et établissements publics déstructurés. Le financement de cette opération est assuré sur des ressources budgétaires ou d'emprunt, ainsi que par le traitement des créances du Trésor sur ces entreprises» et les subventions d'exploitation des entreprises et établissements publics sont à la charge de l'Etat par des crédits budgétaires annuels. Une décision qui a permis à l'Eniem de respirer et de développer ses investissements. Auparavant, l'Eniem, qui dépend du Groupe industriel Indelec, a fait partie des treize entreprises que la banque d'affaires et consortium espagnole Santander avait soumises à la privatisation à travers un avis d'appel d'offres. Une autre offre de 10 millions de dollars pour le rachat de l'entreprise a été aussi faite à l'époque par le Groupe saoudien Feraoun. Offre rejetée par les travailleurs qui avaient réussi à faire reculer les pouvoirs publics et jugeant la transaction «totalement contraire au contenu du cahier des charges de l'entreprise».


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