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Les traumatismes face aux silences de l'histoire officielle Culture : les autres articles



Les traumatismes face aux silences de l'histoire officielle                                    Culture : les autres articles
Lors des 8es rencontres de la Criée, qui se sont tenues au Centre des congrès à Reims les 1er et 2 juillet, les spécialistes ont débattu des «Politiques de l'hospitalité» où comment la folie est appréhendée, dans les politiques en France.
Comment décrire les rencontres, qu'organisent tous les deux ans, le psychiatre-psychanalyste Patrick Chemla, avec toute son équipe du Centre Pierre Arthaud de Reims, ses amis les psychanalystes Heitor de Macedo, Jean Oury et Simone Moulina, pour questionner le «Malaise dans la civilisation» ' Par où commencer pour restituer les interventions avec leurs tonalités, pleines d'humanité, d'humilité, empreintes d'humour ou de colère, mais toutes chargées d'émotions et de lucidité pour participer à transmettre une autre manière d'aborder la folie, en questionnant l'aliénation psychopathologique et l'aliénation sociale, sous ses différents angles : historique, sociologique, philosophique, cultuel, culturel, économique, anthropologique, psychiatrique, médical ou encore artistique ' Pour parler d'un thème aussi vaste que les «politiques de l'hospitalité», le détour du côté de l'histoire était nécessaire.
Son histoire familiale, d'abord, avant de déborder sur la grande histoire et de l'articuler au politique. Aujourd'hui en France, l'hospitalité est malmenée. Le débat de la présidentielle qui a mis au centre du débat politique le sujet de l'immigration avait trouvé à droite des relents xénophobes et par certains aspects, racistes. Pendant les cinq ans de sarkozisme, le gouvernement a géré les affaires par l'instillation de la peur : celle des immigrés, des Roms, des fous. Il a développé un discours d'exclusion à l'égard des plus vulnérables, en oubliant qu'exclure, c'est en quelque sorte s'exclure soi-même.
La différence
Le refus de la différence conduit à la négation d'autrui. Oublie-t-on que dire «je», c'est déjà dire la différence ' La régression et la gestion bureaucratique de la folie, ces dernières années, n'avait cure ni de la dignité humaine, encore moins de la démocratie. Elle n'entendait qu'évaluer, comptabiliser, mesurer et jauger tous les actes médicaux. Une sorte de folie sociale, ou folie comptable, s'est emparée de l'Etat, qui d'une dérive à l'autre, a laissé croire que l'on peut maîtriser la folie, alors qu'elle est tout à fait irréductible et qu'elle est un fait anthropologique, comme l'ont rappelé le philosophe Pierre Dardot et le psychiatre psychanalyste, Patrik Chemla.
Ces deux journées ont donné lieu à des exposés cliniques et à des témoignages forts et poignants du collectif des patients et celui des parents des patients, qui ont relaté, au plus près, la souffrance humaine et renseigné de façon insistante de l'inhospitalité ambiante qui ravive les traces mnésiques des massacres, génocides, guerres coloniales, guerres d'indépendance, camps de concentration et autres traumatismes, qui ont laissé des traces profondes, transmises sur plusieurs générations et qui se heurtent à des déformations ou des silences de l'histoire officielle. Et comme ce qui n'a pu être reconnu et symbolisé, reviennent alors, dans la souffrance du symptôme et dans des productions délirantes, des morceaux d'histoires encryptés, enkystés dans le corps social.


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