Algérie

Les transporteurs font le pont



Hormis les navettes dans la ville, les citoyens ont éprouvé toutes les peines du monde à rendre visite aux proches éloignésCes dernières années, beaucoup de familles se rapprochent des agences de location de véhicules. Avant-hier, les agences affichaient déjà complet.
Ils étaient quelque 3280 commerçants réquisitionnés à assurer les permanences à travers la ville et les communes de la wilaya de Tizi Ouzou durant les deux jours de l'Aïd, mardi et mercredi. Les consignes strictes de la direction du commerce et des services de la répression des fraudes ont fait que rares étaient les gérants de quelques épiceries lointaines. Aussi, ce volet n'a pas du tout posé de problèmes aux citoyens qui ont fêté l'occasion sans aucun souci. Cependant, beaucoup de côtés n'ont pas été à la mesure des attentes, comme le transport de voyageurs. Hormis les navettes dans la ville et les plus importants centres urbains, les citoyens ont éprouvé toutes les peines du monde à rendre visite aux proches éloignés, d'autant plus qu'à cette occasion de l'Aïd, la visite aux filles mariées aussi loin que soit leur domicile conjugal est une obligation impérieuse. Le devoir d'aller frapper à la porte de ses filles si nombreuses soient-elles est sacré. Le père et les frères, s'ils sont mariés, sont tenus de respecter cet usage, au risque de provoquer la colère des aïeux. Pour cette raison, la circulation est d'une densité invraisemblable en ces deux journées. Mais malheureusement le transport ne suit pas. Contrairement aux commerçants, aucun organisme ne fait obligation aux transporteurs de travailler durant l'Aïd ou d'assurer les permanences. Hier donc et avant-hier, après le rituel du sacrifice, les fourgons et les bus étaient tous à l'arrêt à travers les villages. Cloués dans les garages ou affichant la fameuse enseigne «Réservé», les véhicules de transport, qui sortaient, étaient tous réquisitionnés pour l'usage familial. Le citoyen lambda devait chercher un autre moyen pour rendre visite à ses proches. Aussi, c'était l'occasion en or pour les chauffeurs clandestins qui affichaient des prix invraisemblables. Sachant pertinemment que leurs vis-à-vis sont dans le besoin impérieux, les tarifs n'étaient pas négociables. Il n'y avait aucune concurrence, hormis quelques transporteurs, très rares, qui ont pris la décision de se mettre au service des voyageurs, ces derniers n'étant pas aussi nombreux pour renverser la vapeur. Cette habitude acquise depuis des années a fait que les citoyens ne comptent pas ou rarement sur le transport de voyageurs privé pour circuler en ces journées de l'Aïd. La majorité a réussi à se doter d'un véhicule, même d'occasion, pour ce genre de besoins, alors qu'une autre catégorie recourt à un moyen bien nouveau.
En effet, ces dernières années, beaucoup de familles se rapprochent des agences de location de véhicules. Avant-hier, les agences affichaient déjà complet. Il était quasiment impossible de trouver un véhicule libre. Malgré les prix élevés, 3000 à 3500 DA la journée, beaucoup ont réquisitionné des voitures pour l'usage familial. La première raison de la rupture de la faiblesse de véhicules libres est d'abord l'afflux des familles émigrées. Depuis quelques années, ces dernières ne ramènent plus leurs véhicules mais louent à l'avance, avant de venir, des voitures pour leurs déplacements durant les congés. Ce qui fait que durant les deux jours de l'Aïd, il fallait déjà avoir de la chance d'en trouver car les agences de location sont toutes en contrat avec cette catégorie d'Algériens.
Enfin, il est à signaler que l'Aïd n'a pas que son côté festif. Bien au contraire, pour beaucoup, c'est une pression insupportable. Les achats nombreux et variés qui s'imposent comme une norme sociale coûtent trop cher pour des familles de plus en plus nombreuses. Beaucoup s'endettent pour y faire face. En plus de ces vrais rabat-joies, les familles sont déjà dans les tenailles de la rentrée scolaire. Dans quelques jours, alors que l'odeur du mouton n'a pas totalement disparu, les achats commencent. Toutes ces raisons font que les gens sont très stressés et par conséquent trop nerveux. L'espace public est devenu une véritable cocotte-minute. Les gens sont facilement irritables et la violence verbale et physique est au bout de quelques mots échangés.


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