Les transporteurs de bus Alger - Tizi Ouzou en grève depuis dimanche La direction de la gare impose un système de réservation des places

Par Karima Mokrani
Les transporteurs de bus Alger-Tizi Ouzou sont à nouveau en grève. Un mouvement de protestation qu'ils ont entamé dimanche dernier et qu'ils ne comptent pas arrêter de sitôt tant que l'administration de la gare du Caroubier (Alger) maintient sa décision d'appliquer un nouveau système de réservation et de paiement des places. «Ce sont eux qui nous poussent à la grève. Nous ne sommes pas d'accord avec ce système de réservation qu'ils veulent nous imposer. Nous ne l'acceptons pas pour la simple raison qu'il n'arrange ni les transporteurs que nous sommes, ni nos clients», racontent des chauffeurs et des receveurs, rencontrés hier à la nouvelle gare dite multimodale de Bouhinane (Tizi Ouzou). Au niveau de cette gare, rien n'indique un quelconque mouvement de protestation si ce n'est les petits groupements des manifestants, à la fois en colère et quelques peu résignés. «Le transport d'ici vers Alger est assuré. Nous chargeons d'ici sans problème. C'est à partir de la gare d'Alger que tout est à l'arrêt. Nous revenons vides», rapporte un homme, la quarantaine. En effet, à partir d'Alger, c'est la grande désolation pour les usagers, de plus en plus nombreux sur cette ligne. Mardi dernier, aux environs de 17 heures, la colère était à l'extrême. «C'est chaque fois comme cela! Nous sommes fatigués de ces mouvements de grève à répétition. Qu'ils nous préviennent au moins! Que faire maintenant' Prendre un taxi ' Un clandestin' A quel prix», se plaignent deux étudiants. Pas du tout facile pour un étudiant, avec sa bourse trimestrielle de 4 000 dinars. Au moment même où les deux jeunes s'apprêtaient à rebrousser chemin pour retourner dans leur cité universitaire, un homme les presse de se regrouper, avec d'autres personnes, dans un endroit à l'extérieur de la gare (Caroubier). Un bus vers Tizi Ouzou va charger à l'instant mais sans entrer à l'intérieur de la gare. Lui aussi va «frauder». «Ce sont eux qui nous interdisent de passer à l'intérieur. Ils ne veulent pas nous donner la carte d'accès parce que nous avons dit notre mot. Nous leur avons clairement dit que nous n'acceptons pas qu'ils nous prennent notre argent», indique un jeune chauffeur. C'est quoi exactement cette histoire de réservations ' «Avant, le voyageur payait 10 DA au niveau de la gare et 180 DA une fois à l'intérieur du bus. Aujourd'hui, ils veulent que tout le paiement soit effectué au niveau de la gare. Ils nous proposent que les réservations des places soient faites par leurs agents. Le client sera alors orienté vers un bus de leur choix et le propriétaire du bus attendra la fin des réservations pour commencer à charger...Il est impossible de terminer les réservations pour quatre ou cinq bus sur le quai en seulement 15 minutes. C'est inconcevable. Nous assurons un travail continu et cela risque de nous faire perdre notre temps et aussi nos clients. Ce n'est pas la même chose avec les grandes lignes car les réservations se font pour un seul bus» expliquent d'autres transporteurs. Pour précision, ce système de réservation est appliqué sur les grandes lignes depuis toujours (Annaba, Hassi Messaoud'et autres). C'est la première fois que l'administration de la gare du Caroubier compte l'imposer sur les lignes Alger-Tizi Ouzou et Alger-Dellys. Apparemment, ce n'est pas une bonne affaire si l'on en juge par les dires des transporteurs. «Cela va créer des problèmes entre nous les transporteurs et aussi entre nous et nos clients». Pour rappel, l'année dernière, ces mêmes transporteurs ont observé un mouvement de grève de 48 jours qui a fortement pénalisé les citoyens. La raison, leur transfert à la nouvelle gare Bouhinane. Les grévistes ont suspendu leur mouvement, ont fini par accepter d'aller dans la nouvelle gare mais non sans faire payer leurs pertes des 48 jours de grève aux citoyens. De 120 DA le trajet, ce dernier est passé à 180 DA, sans compter les dépenses pour les autres déplacements. Un calvaire que ne cesse de subir la grande majorité des habitants de la wilaya de Tizi Ouzou qui se rendent régulièrement à Alger pour les besoins de leur travail et autres. La meilleure, c'est l'anarchie totale dans cette nouvelle garde. «Ils nous ont promis toutes les commodités et voilà dans quelles conditions nous nous retrouvons. C'est tout simplement invivable. En hiver, c'est carrément insupportable», se plaignent les transporteurs. Des dires confirmés sur place. Une nouvelle action protestataire prend ainsi forme et elle risque de durer longtemps. Au simple citoyen d'en payer les frais, comme d'habitude.
K. M.