Algérie

Les transitaires évoquent les risques de tensions



Entrée en vigueur depuis le 2 août, la mesure portant sur l'instauration du crédit documentaire comme unique moyen de paiement des opérations d'importation continue de soulever des vagues. Après les patrons des entreprises, des producteurs et des importateurs, voilà que les transitaires critiquent l'aspect contraignant et brutal d'une telle mesure. « Le crédit documentaire est contraignant même pour les grandes entreprises. Une lettre de crédit implique la mobilisation de sommes importantes dès le départ et l'acheteur risque d'attendre entre 2 ou 3 mois pour recevoir sa marchandise », affirme sous le couvert de l'anonymat, un transitaire activant à Alger, joint hier par téléphone. Le crédit documentaire est un engagement pris par la banque de l'importateur de garantir à l'exportateur le paiement des marchandises. Selon la rhétorique officielle, cette mesure vise à réduire le transfert des devises. Mais il semble que cette disposition est plutôt décriée par tous les opérateurs concernés. Toute la chaîne allant de l'importateur, en passant par le transitaire, jusqu'à l'assureur reste pénalisée, ajoute notre interlocuteur. Qualifiant d'« irréfléchie » la mesure en question, ce transitaire soutient que l'activité d'importation a déjà baissé, non sans en prévenir contre « une tension, voire même une rupture d'approvisionnement sur certains produits importés, comme les fruits ». Il n'est pas le seul à réprouver ce nouveau mode de paiement des importations. « Ça prend beaucoup de temps et de l'argent aussi », confie un autre transitaire qui a préféré taire son nom. « Depuis l'entrée en vigueur de ce nouveau mode de paiement, il y a un blocage au niveau du port.Les gens ont été surpris par cette manière brutale d'édicter des lois. Les pouvoirs publics auraient dû donner plus de temps aux importateurs afin de mieux se préparer. Agir de la sorte est une sanction », ajoute-t-il. Pour notre vis-à-vis, la mesure a plus d'inconvénients que d'avantages. « Les anciens moyens de paiement des importations sont plus avantageux », juge-t-il. Résultat : le rythme des importations va baisser, souffle-t-il. Et il n'est pas à exclure une certaine rupture sur certains produits, notamment à l'approche du mois sacré, confie-t-il. Même réaction chez un banquier. « Dans cette affaire de crédit documentaire, le fournisseur étranger est le seul favori, car assuré de toucher son pactole avant même l'acheminement de la marchandise en Algérie. Tout cela sera financé bien évidemment par les importateurs et autres producteurs algériens », explique-t-il, en soulignant par ailleurs que « de nombreuses société nationales de production, dont les trésoreries sont faibles, risquent simplement la disparition, en raison des coûts faramineux que cette disposition implique ». Selon lui, il existe un risque important sur la baisse de l'offre (produits importées) sur le marché et par voie de conséquence, une hausse des prix n'est pas à écarter, d'où le « non-sens », dira-t-il de cette mesure. Pour rappel, de nombreux responsables d'entreprise et d'importateurs n'ont pas manqué d'exprimer leur colère, en dénonçant la manière « unilatérale » avec laquelle le gouvernement a imposé le seul paiement au moyen du crédit documentaire.


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