Algérie

Les transformateurs privés au bord de la faillite


Le sachet de lait risque de manquer sur le marché national dans les semaines à venir. Dénonçant une marge bénéficiaire «très faible» sur le lait subventionné par l'Etat, la plupart des transformateurs laitiers privés n'excluent pas la faillite. Selon eux, la cessation de leur activité est imminente, si les pouvoirs publics ne réagissent pas.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le spectre d'une pénurie du lait en sachet plane sur le marché national. Menacées de faillite, nombre de laiteries privées à travers le territoire national risquent de mettre la clé sous le paillasson dans quelques semaines. Un important secteur qui compte plus de 70 000 ouvriers. Selon ces transformateurs laitiers, l'augmentation des différentes charges et la hausse des prix des matières premières ont considérablement affecté leur marge bénéficiaire.
La toute dernière hausse de prix, affirment-ils, a touché les produits de conditionnement, suite à l'augmentation des matières premières sur le marché international. «Le film polyéthylène des sachets de lait est passé de 320 dinars/kg à 440 dinars/kg», précisent-ils.
Ils citent également la soude caustique, utilisée pour nettoyer la tuyauterie des laiteries, dont le prix est passé de 34 dinars/kg en 2002 à 117 dinars/kg en 2020, soit une hausse de 201%. Idem pour les caisses pour le transport des sachets de lait qui ont enregistré une augmentation de prix de 28%.
Cédées à 107 dinars en 2002, elles ont atteint 265 dinars en 2020. Les charges, poursuivent-ils, elles aussi ont augmenté, notamment le gasoil. Son prix est passé de 23,06 dinars le litre en 2020, à 29,01 dinars le litre actuellement, soit une augmentation de 6%.
Les transformateurs laitiers privés font remarquer que malgré toutes ces augmentations, le prix du sachet de lait reste figé à 23,20 dinars depuis 2007, générant ainsi la baisse de leur marge bénéficiaire. «Nous perdons actuellement 3,75 dinars par sachet de lait, et nous ne pouvons pas continuer à travailler à perte», assurent-ils.
Pour eux, seules deux solutions sont possibles pour sortir de cette crise. Ils suggèrent soit la baisse du prix de la poudre de lait, actuellement fournie par l'Office interprofessionnel du lait (Onil), soit la révision du prix du lait en sachet.
«Nous avons proposé de baisser le prix actuel de la poudre de lait de 157 dinars le kilo à 100 dinars le kilo, afin de maintenir le même prix du sachet de lait subventionné par l'Etat, soit 25 dinars au détail. Sinon, augmenter le prix de sortie d'usine du sachet de lait à 33,20 dinars avec une marge bénéficiaire de 1,50 dinar pour le distributeur et le détaillant, ce qui portera le prix du sachet à 36,20 dinars pour le consommateur», expliquent-ils.
Le président du Conseil national interprofessionnel de la filière lait, Azzedine Tamni, précise, pour sa part, que la marge bénéficiaire des transformateurs de lait est tributaire de la quantité de production et des négociations du prix du film polyéthylène. «Cette marge n'est pas figée. Il y a une différence entre un transformateur qui produit une grande qualité et celui qui produit moins», dit-il.
Il souligne, toutefois, qu'un groupe de travail des ministères de l'Agriculture et du Commerce s'attelle à l'étude de ce dossier. «Le prix de la matière première, qui est la poudre de lait, va certainement être revu à la baisse pour augmenter les marges bénéficiaires du lait subventionné», fait-il savoir.
Selon lui, l'augmentation du prix du lait en sachet n'est pas du tout d'actualité. «En attendant que le soutien de ce produit touche uniquement les couches défavorisées de la population, le zoning de la distribution et la marge bénéficiaire des transformateurs et des distributeurs seront revus, ce qui va se répercuter directement sur le prix de la poudre», ajoute-t-il.
Des quotas «aléatoires»
Les transformateurs laitiers privés estiment que la répartition des quotas de la poudre de lait sur les différentes laiteries est «aléatoire». «L'Onil attribue 48% du quota de la poudre de lait à l'opérateur public, Giplait, qui compte 15 unités à l'échelle nationale, et le reste, soit 52% du quota, est réparti entre les 125 unités de transformation de lait du secteur privé. Pourtant, les capacités de production du privé dépassent de loin celles du secteur public», précise-t-il.
L'Onil se contente, de son côté, d'assurer que la poudre de lait est disponible à un prix qui reste stable depuis 2016, et que les transformateurs perçoivent leur quota.
«Quelle que soit l'augmentation du prix de la poudre de lait sur le marché international, l'Onil maintient le même prix, puisque la différence est prise en charge par le Trésor public», note-t-on.
Ry. N.
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