Algérie

Les traditions ressuscitées



La vie n'a de sens que si les jours qui se suivent ne se ressemblent pas. C'est ce qui semble se dégager du retour aux sources qui marquent le quotidien des localités de la région de Kabylie ces dernières années. Les villages sont de plus en plus nombreux à renouer avec les traditions et les rites anciens. Les nouvelles générations retrouvent, en effet, peu à peu, le fil rompu avec le passé à cause de la longue nuit coloniale. Des villages renouent avec Yennayer, d'autres ressuscitent la tradition de l'Accueil du printemps (Amagueur N tafsouth) alors que d'autres encore plus nombreux vivent des journées mémorables grâce aux actions de solidarité comme Thimechret et autres rituels ancestraux de partage. À l'occasion de l'Aïd El Fitr, une autre tradition disparue durant des décennies vient de renaître de ses cendres à Cheurfa N'bahloul dans la commune d'Azazga, une cinquantaine de kilomètres au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Isfedren est une tradition qui revient à cette occasion au grand bonheur des jeunes générations. La tradition consiste, en effet, à sortir des plats de couscous pour signifier le partage de la joie de l'Aïd entre tous les villageois. Une joie à laquelle prennent part également les visiteurs du saint qui a donné son nom au village et à la zaouïa qui a donné d'éminents savants. Cette tradition a, en effet, existé durant des siècles dans cette région ainsi que d'autres localités. Généralement organisée les jours des deux Aïds, El Fitr et El Adha, le rituel assure la joie et l'équité à toutes les familles qui partagent ainsi le même plat. Un rituel que l'on retrouve parallèlement à la tradition de Thimechret. En fait, après le partage de la viande, les villageois rentrent avec leurs parts respectives, mais ressortent aussitôt accompagnés de mets de couscous. Ils se rassemblent une deuxième fois à la place du village. Généralement appelé «Noual», le rituel consiste en l'échange du plat de couscous. Une manière de déguster et d'apprécier le plat préparé par le voisin. Une manière, également, pour les villageois, de s'assurer que le partage de nourriture est bien effectué. Cela resserre les liens, disent les anciens. De son côté, le village Ath Aïlem dans la commune d'Aïn El Hammam a fêté l'Aïd dans la communion en organisant le rituel de Thimechret. Le partage de la viande à la place du village permet, selon les anciens, de s'assurer que toutes les familles ont le même repas festif. Ce souci d'assurer le même repas pour tous anime désormais tous les villages qui organisent des Thimechret à la veille de chaque occasion même à la veille du mois de Ramadhan. Une tradition de solidarité qui a failli disparaître, mais qui revient en force ces dernières années.


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