Algérie - Troisième âge

Les tracasseries des retraites en euros



De nombreux retraités algériens du régime français expriment leur « souffrance » pour l’encaissement de leur « modeste pension ».

Ces ex-émigrés, âgés entre 65 et 80 ans, déplorent « la bureaucratie de certaines banques algériennes qui les obligent à retirer la totalité de leur pension dans un délai de deux à trois jours, faute de quoi ils doivent retourner dans un mois ou deux ».

D’autres, qui perçoivent leur pension par voie postale, se plaignent du retard dans l’acheminement de leur mandat. Pire, le nombre des réclamations de non-réception de ce type de mandat enregistrées par les services postaux à travers le pays est tellement important qu’il paraît démesuré, voire ridicule, d’essayer de réduire le phénomène à «des cas isolés», révèle un responsable d’Algérie Poste, qui a requis l’anonymat.

Plusieurs bénéficiaires d’une pension française, notamment la pension de retraite, ont saisi l’Amicale des Algériens en Europe. Ainsi, dans une lettre envoyée au «Quotidien d’Oran», l’Amicale des Algériens en Europe indique que «plusieurs retraités algériens résidant en Algérie nous ont fait part de leur souffrance pour l’encaissement de leur modeste pension en euros auprès des banques publiques algériennes. Celles-ci obligent ces personnes à retirer la totalité de leur pension dans un délai de 2 à 3 jours. A cause de cette contrainte non voulue, ces malchanceux retraités sont obligés de faire la chaîne auprès de leurs banques du matin au soir pendant toute cette période». Et d’ajouter: «Passé ce délai fixé par la bureaucratie des fonctionnaires de banque, les retraités ne peuvent plus retirer leur retraite totale ou partielle en euros et sont obligés de revenir à une date ultérieure, soit un ou deux mois plus tard», relève l’Amicale des Algériens en Europe, citant les retraités concernés. Les concernés, c’est-à-dire des retraités algériens du régime français ont été les premiers que nous avons interrogés.

Bouabdellah, 78 ans, a travaillé pendant 25 ans comme conducteur de grue dans une entreprise publique française de BTP, il est retraité depuis 25 ans et vit depuis à Oran. «Depuis 25 ans, je reçois chaque mois ma pension de retraite. Je la perçois en euros auprès d’une banque publique. Il faut se lever tôt si on veut se fourrer dans le pétrin de la chaîne devant les guichets. D’habitude, j’encaisse tant bien que mal mes quelques centaines d’euros. J’ai de la chance d’avoir un voisin qui travaille dans cette banque. C’est lui qui m’annonce la date du virement. Cela me permet d’être avant tout le monde. Mais une fois, je suis allé à la banque une semaine après l’arrivée de ma pension.

Le banquier m’a fait remarquer que j’étais en retard et que je devais retourner dans un mois pour pouvoir encaisser ma pension.

J’ai cru d’abord que j’étais confronté à la bureaucratie d’un fonctionnaire, sans plus. J’ai alors demandé audience au directeur d’agence. Celui-ci me le confirmera en me disant: c’est la procédure ! Là encore, j’ai dû mon salut à mon voisin banquier», raconte Bouabdellah.

Aïssa, 80 ans, travaillait dans une usine de chaussures privée à Marseille. Mis à la retraite il y a 22 ans, il est retourné au pays à l’âge de 72 ans et réside actuellement à Oran. «Chaque mois, je retire la totalité de ma pension dans la semaine qui suit son virement. Non que je ne veuille pas laisser une partie dans mon compte devises, mais la banque m’oblige à retirer tout l’argent et de ne laisser que 50 euros pour que le compte reste ouvert», rapporte ce retraité, qui nous a invités à venir en fin du mois à la banque pour constater de visu que tous les pensionnaires comme lui sont logés à la même enseigne.

Les banques, elles, sont unanimes: «ces affirmations sont fausses». Selon un responsable de la BADR, «le circuit de transition des pensions de France vers l’Algérie passe d’abord par la BADR à la faveur d’une convention entre celle-ci et la banque française Bred Banque Publique. Les pensions parviennent à la BADR qui les dispatche sur les différentes banques où sont domiciliés les bénéficiaires. En ce qui concerne la BADR, les pensions ne sont d’autres que des comptes devises, elles sont gérées en tant que tel. Aucune échéance ni autre contrainte n’est imposée au pensionnaire titulaire de compte». Rien qu’à Oran, la BADR gère près de 4.000 comptes de pensionnaires en devises, souligne-t-on.

Selon le même responsable: «On rencontre de gros problèmes concernant les pensionnaires qui ne sont pas domiciliés dans une banque.

Il est admis que les pensions qui dépassent leur validité de payement sont frappées de rejet, l’argent doit retourner à la source (la Banque d’Algérie) car il y a des lois qui interdisent la stagnation des devises au-delà d’un délai». De son côté, une responsable de la BEA affirme: «Nous avons une Direction des opérations avec l’étranger (DOE) chargée de ces opérations, qui sont généralement mensuelles. Les virements parviennent de la BADR à la BEA, qui envoie des états à ses agences respectives, lesquelles payent leurs clients (les pensionnaires) sous aucune condition ou restriction. Quant aux pensions sous forme de mandats CCP, le client perçoit sa pension en dinars ou, s’il veut, la Poste peut lui délivrer une attestation de perception en devises payables à la banque où il est domicilié».

Même son de cloche du côté BNA. Un responsable de cette banque dément formellement les affirmations selon lesquelles les clients qui reçoivent des pensions de l’étranger doivent retirer tout leur argent en 2 ou 3 jours. Pour sa part, le directeur de l’unité d’Oran d’Algérie Poste affirme: «Il n’y a aucun problème pour les pensions françaises accréditées auprès des bureaux de poste. Pour les pensions françaises informatisées comme celles des retraités, des gens d’honneur, d’anciens combattants au sein de l’armée française, celles-ci parviennent régulièrement de la paierie française. Cependant, il y a quelques problèmes pour les pensions en mandats. Nous recevons très souvent des réclamations des banques et autres compagnies d’assurances étrangères qui font état de non-réception par leur client ou assuré du mandat. Or, ces réclamations souffrent de preuves: il n’y a ni la banque d’émission, ni numéro ni date d’émission, ni montant en euros ni le contre-montant en dinars. Sans trace aucune, comment voulez-vous que nos services traitent ces réclamations ?»




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