La contestation risque de prendre de l'ampleur chez les Touareg.Plusieurs dizaines de touareg se sont rassemblés, en fin de semaine, devant le siège de la wilaya de Tamanrasset pour protester contre «l'injustice» et la «hogra» dont ils se sentent victimes. Le nouveau chef de l'exécutif de Tamanrasset, Mahmoud Djemaâ, venant tout juste de se dépêtrer du «guêpier» ethnique qui a plongé la capitale du M'zab dans une crise intercommunautaire des plus violentes, a été immédiatement appelé à gérer un conflit qui risque de prendre des dimensions préoccupantes. Il aura pour première mission de faire taire les voix touaregues qui se sont élevées, à la veille de son installation prévue pour aujourd'hui dimanche, contre «l'autoritarisme et le despotisme de l'administration locale».Les protestataires, qui préparent un rassemblement devant le Palais du gouvernement dont la date n'est pas encore arrêtée, se sont mobilisés pour exprimer leur ras-le-bol mais, aussi, pour apporter leur solidarité à leur concitoyen, Abarzoulagh Lahcen, qui s'est retrouvé, à l'orée du mois sacré du Ramadhan, dans la rue après la démolition de sa demeure dans des circonstances ambiguës. La maison, que Lahcen occupe depuis 1991, a été réduite en décombres sous le regard innocent de ses quatre enfants, Ibrahim (12 ans), Fatma (8 ans), Maryem (4 ans) et Zineb (2 ans). Sur ordre de l'instance judiciaire compétente, la police de l'urbanisme est passée à l'action en présence de l'huissier de justice qui n'aura même pas pris le temps d'avertir le concerné. «Il était 16h lorsqu'un groupe de saoudine (Noirs de l'Afrique subsaharienne) ont fait intrusion dans la maison pour vider les lieux. Je n'ai rien compris. Peu après cette action observée attentivement par les policiers, ils ont entamé la destruction» raconte Lahcen, les larmes aux yeux.Les habitants de la cité de Tafsit, très remontés, dénoncent massivement ces agissements et exigent une enquête approfondie sur cette affaire qu'ils qualifient de «scabreuse». D'un ton menaçant, le représentant du comité des touareg en appelle au premier magistrat de la wilaya et le presse d'intervenir afin de résoudre cette situation avant qu'elle ne prenne une tournure plus grave. «Nous n'allons pas nous taire. Le wali doit prendre sérieusement en charge ce dossier pour éviter la reproduction du scénario de Ghardaïa à Tamanrasset» a-t-il averti. Tout en condamnant cette action, un élu explique que l'opération de démolition relève des prérogatives du président de l'APC.Le même responsable à tenu à souligner : «La démolition s'est déroulée dans la discrétion totale. Nous n'avons reçu aucune information sur cette affaire. Je viens de l'apprendre. C'est un drôle de micmac à n'y rien comprendre. Le dossier des constructions illicites a été remis sur la table à maintes reprises, mais à chaque fois on reçoit des instructions de temporiser et tout geler dans le but d'éviter la protestation et la colère des concernés. Aujourd'hui, on passe directement à l'action sans avertir nos services et en faisant appel à des migrants clandestins. C'est une violation des lois de la République et c'est très grave ! Ceux qui sont derrière cette action veulent créer la fitna.»Contacté par nos soins, le chef de la sûreté de wilaya de Tamanrasset, Okache Makid, précise de son côté que «cette opération a été menée sur ordre du tribunal de Tamanrasset en présence d'un huissier de justice et conformément à la réglementation». «Toutefois, on ne trouve pas d'explication à cette précipitation, ni à l'acharnement incompréhensible contre ce pauvre citoyen, alors que toute la ville souffre de l'extension urbaine et pis encore, des constructions érigées illicitement par les migrants clandestins» s'indigne-t-on. A signaler qu'une délégation de touareg mécontents a été reçue par le chef de cabinet du wali, en présence du chef de daïra et du P/APC de Tamanrasset, afin de parvenir à une solution, même provisoire.
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Posté Le : 22/06/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ravah Ighil
Source : www.elwatan.com