Algérie

Les tortionnaires (1830-1962) de Boualem Nedjadi, (Essai) - Éditions ANEP, Alger, 2003


Les tortionnaires (1830-1962)  de Boualem Nedjadi, (Essai) - Éditions ANEP, Alger, 2003
Le devoir de mémoire

Les Tortionnaires, de 1830 à 1962 est le titre de l’ouvrage de Boualem Nedjadi, paru sous les presses de l’Anep. Ayant fureté une riche documentation, l’auteur, retraité de l’ANP et titulaire, entre autres,d’un magistère en sciences militaires, se fait un devoir de mémoire de mettre à nu les pratiques infamantes de la torture généralisée depuis la conquête et la colonisation de l’Algérie par la France jusqu’à la répression et aux tortures durant la guerre de Libération. Scindé en trois parties, le livre met en lumière les témoignages des torturés et de ceux qui ont assisté impuissants à la répression coloniale, qu’illustrent les services spéciaux chargés des macabres besognes, à savoir les tortures et les assassinats individuels et collectifs.

Cette France qui se fait rattraper par l’histoire grâce à dix ministres «qui sont l’honneur», note l’auteur dans l’introduction de son ouvrage, car ils ont osé interpeller le président de la République française Jacques Chirac et le Premier ministre Lionel Jospin pour qu’ils reconnaissent enfin les crimes et les exactions commis par l’Administration coloniale depuis 1830. En s’appuyant sur trois éléments que sont les traces et preuves matérielles, les témoignages et les aveux des auteurs complices, l’auteur dévoile à juste titre la nature du crime : les tortures et les exécutions collectives extra-légales et le pilonnage des douars et mechtas entre autres, soulignant le caractère et les procédés barbares des services spéciaux français. Dès lors, «s’agissait-il de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité?», s’interroge l’auteur. Des faits que la fondation 8-Mai-1945 conduite par Boumaâza n’a cessé de rappeler à différentes occasions pour qu’ils soient qualifiés de «crimes contre l’humanité». Des faits aussi que les gouvernements français qui se sont succédé depuis l’indépendance qualifiaient– déni de l’histoire– d’«événements d’Algérie» pendant quarante années. Du sinistre Pelissier au maréchal Bugeaud en passant par Montagnac, Lamoricière, le sadique duc de Rovigo de la IIe République française, l’arbitraire battait son plein. L’auteur passe en revue une autre catégorie de criminels sans scrupules ayant marqué leur époque, comme de Culet et Fillon, pour ne citer que ces acteurs incriminés dans les génocides du 8 mai 1945, les Bigeard, Aussaresses et autres ultras que sont Salan, Jouhaud, Zeller et Challe, ce quarteron de généraux félons qui se sont illustrés par leurs crimes imprescriptibles. Dans ce cas, l’Etat français doit-il des excuses au peuple algérien et déclarer officiellement sa repentance comme l’ont fait les Allemands au peuple juif ? Tout dépend de la compétence du tribunal international ou seules les lois et les juridictions internationales ont gain de cause, est-il suggéré entre autres par l’auteur de l’ouvrage.
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