Algérie

Les tomates amères de Azziza



Elle a la beauté naturelle et le sourire spontané. Elle parle de ses malheurs comme si elle racontait une histoire simple. Azziza Toum, 27 ans, occupe une petite table au marché grouillant de Nyala, assise à côté de sa s?ur Sawsan, 14 ans. En cette fin d?après-midi, les tomates, le piment vert, la salade, des navets et le citron sont toujours aussi frais, en dépit d?une chaleur étouffante. Plus de 12% des terres agricoles du Soudan se trouvent au Darfour Sud, région connue également par ses ressources hydriques, dont le symbole est le bassin de Bekkara qui s?étend sur 18 000 m2. Azziza a le secret bien gardé de la fraîcheur de ses légumes. Le départ imprévu d?un mari volage a obligé cette mère de femme de sortir du foyer, à se réveiller chaque jour aux aurores pour acheter des légumes au marché de gros avant de retrouver cette petite table jusqu?au coucher du soleil. « Il y a huit ans, mon époux m?a quittée. Je n?ai plus de ses nouvelles. Je dois nourrir mes enfants Rihab et Rafih... », dit-elle la voix calme. Elle ne peut pas assurer une scolarité pour Rafih. « Je n?ai pas de moyens », lâche-t-elle. Elle gagne à peine 15 livres par jour (presque 50 dinars algériens). Azziza ne peut mener sa mère malade consulter un médecin. « Ma mère n?en veut pas. Elle craint devenir une charge pour moi. Cela me fait mal de la voir souffrir. Elle a longtemps travaillé au marché. Elle s?est fatiguée pour nous », regrette, amère, Azziza. Sawsan se cache derrière un sourire gêné. A peine âgé de 4 mois, le petit Aziz accompagne sa mère. Il dort d?un profond sommeil à côté d?elle. A deux pas de Azziza, Asmaa, femme de bel âge, s?affaire à préparer du café soudanais : un breuvage parfumé au gingembre. Ici on les appelle « sitat el kahwa » (les dames du café). Elles sont nombreuses à s?installer au marché de Nyala. Elles offrent également du thé qu?elles préparent sur de la braise. Asmaa a perdu son époux. « Il a été tué par des groupes armés », dit-elle sans détailler. Beaucoup de femmes du Darfour sont réduites au veuvage à cause de la guerre. Dans les camps de réfugiés, ces femmes sont nombreuses et doivent se débrouiller toutes seules pour faire vivre leurs enfants.


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