Algérie

Les TIC : retards et possibilités de rattrapage Repères éco : les autres articles



Avons-nous mesuré tous les bienfaits que les TIC pourraient apporter à notre économie, au climat des affaires et au bien-être de nos citoyens ' Régulièrement, les différents classements internationaux nous situent parmi les pays qui en font le moins usage. Nous avons été parmi les tout derniers à introduire la 3G. Nos écoles et nos lycées peinent à être équipés de matériels numériques. L'E-government est presque à l'arrêt. Dans ce domaine, nous nous situons parmi les pays qui voient la fracture numérique s'aggraver davantage, mettant en péril nos entreprises et notre économie nationale.
Les immenses apports des TIC
Le management de l'information est considéré comme le deuxième facteur-clé de réussite dans la plupart des activités. Il est second, uniquement à la mobilisation de l'intelligence humaine. Cette manière de voir est aussi valide dans le processus de développement des pays. Songeons un instant à ce qu'un système de TIC moderne peut apporter à notre pays. Toutes les politiques sectorielles en bénéficieraient. Nous aurions pu avoir un système d'information intégré, où chaque secteur grefferait ses besoins pour en tirer le meilleur. Chaque citoyen aurait un numéro national avec son historique et les facettes d'informations utiles aux politiques publiques. Bien sûr, sans contrôle adéquat, les dérives sont possibles. Il est nécessaire d'en contrôler l'usage. On peut alors cibler les personnes à bas revenus pour les compenser par les hausses de prix des produits de première nécessité au lieu de les subventionner pour tous. Personne ne pourra alors obtenir deux logements sociaux dans deux wilayas différentes, même si c'est au nom du conjoint.
Les citoyens auraient un code et pourraient imprimer chez eux tous leurs papiers administratifs. 90% des opérations de dédouanement se feront par des fichiers numériques. La presque totalité des échanges entre administrations se feraient entre elles par internet. Les personnes échangeraient avec les administrations à 99% via le net. Il n'y aurait plus de files d'attente devant les APC, les banques et l'ensemble des administrations publiques. Toutes les opérations seraient écourtées. On recevrait sa carte d'identité, son permis, sa carte grise, etc. dans la journée. On pourrait alors créer une entreprise en un jour.
Les économies de déplacements inter-wilayas seraient énormes. Les embouteillages dans les grandes villes seraient réduits. La vie serait facilitée pour tous. L'ensemble des administrations publiques et les centres de recherches trouveraient les bases de données nécessaires pour effectuer leurs travaux convenablement. Mais alors, pourquoi n'y allons-nous pas rapidement vers ces solutions du futur ' La réponse n'est pas évidente. Elle est beaucoup plus complexe que la mise en place de ce système d'information national.
Pour ce dernier, les équipements, les logiciels paramétrables (donc qui s'adaptent à nos spécificités) et les procédures existent. Mais il n'y a pas plus difficile à changer que les habitudes humaines. Il y a comme une immense peur à abandonner les pratiques du passé pour oser un saut dans les sociétés de l'avenir. Mais les méthodes et les outils de management du changement existent et donnent généralement des résultats acceptables. Nous ne pouvons dérouler les méthodologies dans ce contexte.
Mais pour y aller résolument, il faut d'abord que la décision soit prise en très haut lieu, que les ressources soient mobilisées et que les institutions concernées soient responsabilisées. Mais la décision peine à être prise. Il y a une raison supplémentaire fort importante : faire travailler conjointement et en harmonie de nombreuses institutions. Le projet requiert la participation de nombreux ministères : finances, Intérieur, enseignement supérieur, Formation professionnelle, industrie, etc. Dès qu'il faut mobiliser de nombreuses institutions pour réaliser une opération d'envergure, des difficultés immenses surgissent.
Quelques pistes d'action
Nous sommes grandement pénalisés par l'absence d'une «institution cerveau». Elle aurait pu jouer le rôle de catalyseur et de coordinateur d'une telle opération. Cette lacune exige de nous d'adopter d'autres formes organisationnelles qui pourront améliorer la situation, même si leur efficacité serait moindre. Nous aurions besoin de localiser cet immense projet dans une haute institution (présidence ou premier ministère) pour lui conférer les ressources et l'autorité indispensables à la réalisation de sa tâche. Il ne faut point oublier que nous voulons révolutionner nos pratiques et nos méthodes.
Dans ce domaine, les essais épars et individuels seront toujours infructueux. Il y a eu plusieurs tentatives d'institutions publiques (wilayas, universités) qui avaient tenté, tant bien que mal, d'automatiser et de numériser un certain nombre de leurs opérations. Mais les résultats sont trop mitigés. On ne bénéficie pas des économies d'échelles. Par ailleurs, les modèles conçus isolément manquent d'interopérabilité, c'est-à-dire les différentes institutions ne communiquent pas entre elles par des systèmes numériques. On revient alors aux méthodes manuelles pour organiser les relations entre différentes entités publiques et privées.
L'avantage d'un système intégré s'en ressent. Nous pouvons peut-être dépenser 500 millions de dollars pour l'avoir, mais chaque année nous en économiserions alors au moins le double, en plus d'une meilleure quiétude pour les citoyens. Mais les responsables de la mise en place d'un système pareil auront à gérer trois dimensions aussi importantes. La première est technique : comment choisir les équipements, les logiciels, mettre en place les sauvegardes, les actions à mener en cas de pannes, etc. La seconde est économique : il s'agit de profiter de cette occasion pour booster l'industrie nationale de l'informatique en récupérant le maximum de valeur ajoutée : produire sur place le maximum d'équipements et logiciels et rehausser par là les compétences nationales.
Les ressources humaines seront appelées à se hisser au niveau des exigences de ce défi. Ce n'est pas chose facile. La troisième dimension concerne la gestion du changement. Comment sensibiliser, former et inciter les fonctionnaires à adhérer au système. Il s'agit de créer des exemples de réussite, de qualifier les ressources au point où ce sont elles qui demanderaient le changement. Nous sommes,par exemple, en retard sur les formations ICDL (passeport international informatique), alors qu'elles deviennent un must dans de nombreux pays. La généralisation de cet outil permettra de débloquer en grande partie les réticences des ressources humaines. Le défi n'est pas impossible. Il n'est pas aisé non plus.


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