Algérie

Les TIC en Algérie : un retard politique



Le gouvernement algérien a mal pris le fait de se retrouver à la 131e position (sur 144 pays) du classement mondial 2013 des TIC du World Economic Forum (WEF).
Curieux motif de ce déni : le WEF ne tient compte, dans son évaluation, que d''un seul indice, celui du Networked Readiness, relatif à l'état du réseau". Pourtant, le classement en question n'en dit pas plus : au vu de l'état de son réseau, l'Algérie est à la 131e position en matière de technologie de l'information et de la communication.
Le constat n'appelait donc pas de commentaire, la réalité du retard en termes de réseau n'étant pas contestable.
D'autant plus que les Algériens ne sont pas dupes : le sous-développement communicationnel, ils ne le lisent pas dans les rapports d'officines spécialisés ; ils le vivent. Quand un Algérien se rend en Mauritanie, par exemple, il voit que ses hôtes peuvent avoir l'image de leur interlocuteur sur l'écran de leur téléphone. Pas besoin d'aller au Japon, ou de lire les rapports du MIT pour se convaincre du fait que le pouvoir nous refuse la liberté de communication.
La réaction officielle reproche aussi au classement WEF de ne pas avoir tenu compte 'des importants efforts de numérisation" et de ceux déployés pour l'introduction d'Internet 'dans les secteurs de la justice, les collectivités locales, les établissements de l'enseignement supérieur et la recherche", de la liaison 'Wifi de plus de 400 cités universitaires" et de la connexion des centres, établissements culturels et scolaires, des écoles coraniques et des... zaouïas... En quoi tout cela compenserait-il le déficit que le classement WEF mesure : le caractère inachevé du réseau, la fluctuation de sa vitesse de débit, la fréquence des pannes et la lenteur de circulation des signaux dans ce même réseau '
En Algérie, le retard en technologie de l'information n'a aucun fondement
économique ; il est le résultat d'un choix politique : parce qu'il appréhende l'usage 'subversif" de la liberté de communiquer, le pouvoir tend à freiner le développement communicationnel. Les TIC refont en quelque sorte le parcours du combattant que l'audiovisuel éprouve depuis des décennies : il a fallu plus de vingt ans après la loi sur la liberté de la presse pour que le régime consente à assumer le versant audiovisuel du droit à l'information. Et, en quels termes !
Prenant la question à revers, le ministère répond à un constat clairement défini comme étant celui concernant l'état de son réseau TIC par un listing de 'réalisations" hors sujet. Le procédé n'est pas sans rappeler celui usé durant les deux dernières décennies à l'encontre des ONG observatrices de l'état des libertés civiles et politiques dans le monde. Dès qu'il s'agit de classement établi sur la base des critères de respect des droits de l'Homme ou de liberté d'expression, nos institutions réagissent de manière aussi instinctive que celle que vient d'arborer le ministère des TIC.
La question des TIC est symptomatique d'une angoisse du régime : il consacre tout son génie à chercher la voie qui lui permettrait de concéder un minimum de progrès technologique sans le contraindre à des concessions en matière de libertés. C'est parce qu'il n'a pas encore admis la dialectique entre progrès technique et démocratie que le régime constitue une hypothèque pour le développement du pays.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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