Algérie

Les textes de loi sur la cybercriminalité, bientôt prêts



L'évolution des technologies de l'information et de la communication et l'accès à Internet en Algérie ont été si rapides, que les mesures de protection contre la cybercriminalité n'ont pas été prises en compte. Les pouvoirs publics marquent une halte, pour relancer le projet relatif à l'élaboration d'un dispositif juridique rigoureux pour lutter contre ce danger. La vulnérabilité quasi absolue de l'Algérie face à la cybercriminalité s'explique par le manque de contrôle sur les réseaux informatiques, l'absence d'un cadre juridique identifiant les infractions liées à la cybercriminalité et l'inexistence des hébergeurs de site web en Algérie. « L'ensemble des sites algériens y compris ceux de nos grandes institutions sont hébergés à l'Etranger », a affirmé hier, le PDG d'Eepad Nouar Harzallah, en marge d'un colloque international sur la cybercriminalité organisé par son entreprise, à l'hôtel Aurassi. Les intervenants à ce rendez-vous ont évoqué les risques de piratage, d'espionnage, d'harcèlement, vols de données ainsi qu'une large panoplie de risques, dont le plus dangereux est celui relatif à la propagande terroriste et au harcèlement des enfants et des mineurs par des cyber-prédateurs, en recommandant des actions pour lutter contre ce fléau. Sommes-nous à l'abri ? Certainement pas, rétorque l'expert algérien Bachir Halimi, qui a reproché aux pouvoirs publics d'avoir développé rapidement l'accès à Internet, sans penser au préalable, à la protection de nos enfants, nos familles, notre économie et la sécurité de notre pays des dangers de la cybercriminalité. « Pourtant, l'Algérie avait la chance de s'inspirer des mesures de protection appliquées par des pays qui sont très avancés dans le domaine et qui ont été eux aussi confrontés à ce genre de menace », a-t-il estimé. Le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Boudjemaa Haichour, a indiqué dans son allocution d'ouverture du colloque que l'Algérie, à l'instar du reste des pays, est consciente des risques de la menace informatique. Le ministre a annoncé qu'un groupe de travail pluridisciplinaire regroupant des représentants de son département, ceux de la justice et des services de sécurité, a été mis en place, pour l'élaboration d'un dispositif réglementaire cohérent de lutte contre la criminalité informatique. L'objectif étant, selon le ministre, d'instaurer un dispositif juridique visant à renforcer, sur la base d'une synergie intersectorielle, le cadre légal de lutte contre les crimes et délits liés aux systèmes informatiques et aux TIC. Le ministre revient après pour dire, devant la presse, que ce dispositif juridique est presque fini, et qu'il sera présenté dans peu de temps. Il faut rappeler, que ce projet ne date pas d'aujourd'hui, et que les responsables du département de Haichour avaient déjà fait état de la mise en place de ce groupe en 2006, à la demande des services de sécurité, notamment de la Gendarmerie nationale qui a soulevé le problème de vide juridique, pour enquêter dans des cas relevant de la cybercriminalité. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'au jour d'aujourd'hui, les réseaux informatiques de notre pays sont vulnérables face à cette cybercriminalité. Mis a part, les mesures prises par les trois opérateurs des réseaux de téléphonie mobile, qui ont engagé une opération d'assainissement quant au respect des procédures d'identification des acquéreurs des puces. Et ce, après avoir constaté que plusieurs bombes ont été actionnées par des terroristes à distance avec des portables. Mis à part, également, les mesures obligeant les providers et gérants de cybercafés à sauvegarder les données pour plus d'une année, pour identifier les utilisateurs des sites en cas de crime ou délits, aucun autre contrôle n'est imposé pour lutter contre la cybercriminalité, nous expliquent les experts présents hier, au colloque. Pourtant, affirme l'expert Bachir Halimi, les grands pays utilisateurs d'Internet et créateurs de logiciels et de plateformes d'hébergement déboursent des sommes colossales pour la sécurité de leurs données. « L'ensemble des sites de nos institutions sont hébergés à l'étranger, d'ailleurs même les messageries utilisées par les hauts responsables sont hébergées dans des sites à l'étranger », a indiqué Harzallah qui a évoqué la nécessité de créer des logiciels hébergeurs algériens pour un souci de confidentialité des données de nos institutions. Les experts affirment qu'il y a des systèmes de sécurisation des réseaux, des techniques de codage, en signalant toutefois, que certaines techniques sont compliquées à mettre en oeuvre, éthiquement et techniquement. « Il serait préférable d'informer et de sensibiliser les utilisateurs d'Internet, car certaines mesures ne sont pas efficaces à 100 % », précise Bachir Halimi, en citant le cas des sites de propagande terroristes, les sites pornographiques ou pédophiles qui, parfois, figurent sur des sites généraux. « Vous pouvez trouver des sites de recrutement de terroristes ou sites pornographiques sur des sites d'humeur à titre d'exemple », a-t-il expliqué. Les intervenants ont tous plaidé pour la maîtrise de l'outil informatique et de l'information. « Il faut sensibiliser d'avantage les familles sur les techniques de codages réservées seulement aux adultes et il faut apprendre à l'élève ou à l'enfant comment reconnaître les situations qui menacent leur sécurité », a-t-il recommandé en évoquant les cas de kidnappings d'enfants suivis de viol et meurtre enregistrés ces derniers temps dans notre pays. Il a précisé qu'il ne faut pas miser uniquement sur les cybercafés, car ces cybers disparaîtront dans un futur proche et la menace sera plus directe, c'est-à-dire au sein de nos foyers, une fois qu'Internet sera généralisé. Dans ce contexte, Boudjemaa Haichour, a annoncé que d'ici la fin du 1er trimestre 2008, toute les communes (1541) de l'Algérie auront accès à l'ADSL. Enfin, les experts étrangers et nationaux ont présenté des techniques de protection des réseaux destinés aux entreprises. Des recommandations seront adoptées à l'issue de ce colloque pour renforcer la sécurité des données, des systèmes et des réseaux.


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