D'où viennent ces élans populaires tendant presque à la déification à l'adresse de reines, de rois et de chefs d'Etat lors des cérémonies de leurs enterrements ' Les liesses et les larmes toujours sincères dépassent souvent l'entendement quand les morts sont supposés avoir laissé des empreintes dans leurs temps et quand on colle à leurs comptes des ?uvres et des actions qui ont eu des influences sur le cours de l'Histoire. Le crédit qu'ils laissent en disparaissant n'est pas quelques fois conséquent pour tous et les prosternations qu'on leur adresse ne sont souvent que peu justifiées.Le faste des funérailles de la reine de Grande-Bretagne n'empêche pas la perturbation de l'esprit par son spectaculaire étalage et par ses méticuleux détails. A la primaire pesée de l'organisation pointue de l'événement, chacun est empoigné par sa propre idée et emballé par la richesse des couleurs en la circonstance, peu se sont interrogés sur l'origine du présentoir fabuleux de ces attributs divins.
Il est vrai que toutes les phases de l'enterrement d'Elizabeth II renvoyaient au Moyen Age par tous les gestes et tous les habits pour se demander si les dieux avaient écrit quelque chose sur le sujet. Un esprit équilibré et cartésien n'a pas besoin d'opposer République et Royauté pour s'interroger sur des testaments virtuels qui font d'un être humain une divinité.
Par quoi et qui a fait donc que Caius Julius Caesar soit l'empereur incontesté de l'empire romain et par quoi ont été autorisés Napoléon ou Bokassa, même s'il ne faut pas comparer l'incomparable, à s'adjuger des couronnes célestes ' Le questionnement est encore plus lourd quand leurs richesses, leurs biens et leurs avoirs sont dévoilés et que l'on consente à croire qu'ils sont tombés du ciel.
Les Anglais en particulier pourront toujours rétorquer que leur reine a préservé et consolidé leur unité nationale et qu'elle a été dans une large mesure la symbolisation de l'existence de leur nation. Mais le contenu de son rôle a été voilé pendant plus de 70 ans de règne par l'isolation que lui a imposée le régime parlementaire anglais. A bien des égards, elle n'avait que la mission d'une icône choyée.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 17/09/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdou BENABBOU
Source : www.lequotidien-oran.com