Algérie

Les terres agricoles, Touhami et le fils de Menad Nouba



Reporté par deux fois, le procès de l'ancien wali d'Aïn Témouchent Ahmed Hamou Touhami s'est ouvert, hier, au tribunal El-Emir, à Oran. Parmi les 74 prévenus poursuivis dans cette affaire de dilapidation de terres agricoles et d'octroi d'indus avantages, trois étaient présents dans le box des accusés : l'ex-wali, le directeur de l'Office de wilaya des terres agricoles (ONTA) et le directeur de wilaya des Domaines.Les autres prévenus, dont les indus bénéficiaires présumés ainsi qu'une vingtaine de présidents des Assemblées populaires locales de la wilaya d'Aïn Témouchent, ont comparu libres. Poursuivi pour plusieurs chefs d'accusation dont "faux en écriture publique", "abus de biens sociaux", "trafic d'influence" et "abus de fonction", Ahmed Hamou Touhami, qui avait exercé auparavant la même fonction dans les wilayas de Djelfa et de Béjaïa, est le premier à être appelé à la barre pour être entendu sur son rôle dans l'attribution de centaines de terres agricoles à d'indus bénéficiaires présumés.
Le juge l'interroge sur le fonctionnement de la commission d'attribution des terrains agricoles et sa propre implication dans ses prises de décision. L'ancien wali, visiblement diminué physiquement, nie sa responsabilité de tout acte de gestion frauduleuse expliquant qu'il n'avait pas de droit de regard dans le travail de cette commission "souveraine".
Le magistrat l'interroge aussi sur sa présence lors des réunions de la commission, ce que réfute l'accusé affirmant n'y avoir jamais participé. Quant à la question de savoir s'il avait fait pression sur les maires pour accepter des dossiers de concession des terres agricoles relevant de leurs territoires administratifs, il récuse cette accusation en indiquant que 73% des édiles étaient d'accord pour ces attributions.
Le juge l'accuse aussi d'avoir dépassé ses prérogatives en tant que wali en favorisant des dossiers d'indus bénéficiaires, citant l'exemple du fils de l'ancien patron de la Gendarmerie nationale, le général-major Menad Nouba, qui avait bénéficié d'une parcelle de terre agricole.
Sur ce point, l'ancien wali précise qu'il n'était "pas au courant de la relation filiale entre le bénéficiaire et l'officier supérieur", affirmant qu'il n'avait "rencontré ce dernier qu'à une seule occasion, à Chéraga, pendant une vingtaine de minutes, sans qu'il soit mentionné le nom de son fils".
Le juge lui demande alors pour quelles raisons il recevait certains bénéficiaires et non "la totalité des enfants du peuple", ce à quoi Ahmed Hamou Touhami répond qu'on lui "coupe la tête" s'il ne recevait pas tout le monde. Interrogé sur cette question, Naceri Mohamed, le directeur de l'ONTA, enfonce l'ex-wali en affirmant que ce dernier lui avait demandé d'ajouter le nom du fils de Nouba sur la liste des bénéficiaires alors que ce dernier n'avait même pas déposé de dossier.
Appelé à la barre, Naceri Mohamed explique, pour sa part, que sa commission avait reçu 720 dossiers de demandes de concession de terres agricoles dont une quinzaine remise par Ahmed Hamou Touhami.
Il ajoute qu'il y avait 80 parcelles de terres agricoles à distribuer sur 618 bénéficiaires, puisque 102 sur les 720 dossiers présentés avaient été éliminés pour absence de documents justificatifs.
"Les 618 autres dossiers étaient-ils tous en règle '" demande alors le magistrat. L'accusé répond que certains étaient incomplets, mais ont, toutefois, été acceptés. Le procès s'est poursuivi tard dans la soirée d'hier avec les plaidoiries.

SAID OUSSAD


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