Algérie

LES TERGIVERSATIONS DU GOUVERNEMENT ET DU PRESIDENT DE L'APN FACE AUX REVENDICATIONS LEGITIMES DES RETRAITES LES PLUS DEMUNIS Selon le ministre des Finances, la CNR ne peut pas financer les augmentations des pensions



Depuis la dernière tripartite, chaque jour qui passe donne lieu à des déclarations contradictoires du gouvernement. Dès le lendemain de la tripartite et suite à la fin de non-recevoir des pouvoirs publics aux revendications légitimes des retraités les plus démunis, la colère et la détermination des retraités se sont exprimées immédiatement et avec force, ce qui a surpris le gouvernement.
Le ministre du Travail avait été chargé très rapidement d'essayer de calmer les mécontents en promettant une augmentation des pensions, mais sans donner de précisions.
Puis ce fut au directeur de la sécurité sociale de ce ministère d'intervenir à la radio pour dire la même chose, précisant qu'il fallait attendre les résultats du groupe de travail de la tripartite chargé de plancher sur le dossier des retraites, en ajoutant que la CNR n'avait pas les moyens de financer les augmentations demandées. Interventions maladroites faites pour éteindre la révolte des retraités, sans succès. Puis le Premier ministre répéta la même chose, aggravant le mécontentement des retraités en déclarant que le gouvernement ne baissera pas les taux de l'IRG : ce fut la goutte d'huile sur le feu… Les retraités par centaines sortirent dans la rue à Alger — où le secrétaire général de l'UGTA fut malmené — et à Oran. Plusieurs réunions eurent lieu dans d'autres villes du pays, Constantine et Annaba notamment. Plus récemment, le 2 novembre, à l'occasion de l'adoption de la loi de finances pour 2012, ce fut au tour du ministre des Finances de monter au créneau pour essayer de justifier, sans convaincre, le rejet par les députés de «l'Alliance présidentielle » d'un amendement de 2 députés indépendants (Ali Bahimi et Tarek Mira) visant à aligner le montant minimum des pensions de retraite sur le SNMG, c'est-à-dire à 18 000 DA à compter du 1er janvier 2012.
Aligner le montant minimum des pensions de retraite sur le SNMG
L'amendement en question visait à rétablir un ancien droit acquis, mais revu à la baisse depuis, consacré par la loi 83/12 du 2 juillet 1983 qui stipulait que le montant minimum des pensions de retraite ne saurait être inférieur à celui du SNMG. Cet alignement du montant minimum des pensions sur le SNMG a même été chiffré à un peu plus de 2,5 milliards de DA par an, et profiterait à 546 000 retraités bénéficiaires du montant minimum qui actuellement est égal à 75% du SNMG, soit 11 250 DA. Pour rappel, à compter du 1er janvier prochain, le SNMG passant à 18 000 DA, le montant minimum des pensions de retraite sera de 13 500 DA. Mais selon les auteurs de cet amendement à l'Assemblée nationale, le président de cette dernière aurait transformé en rejet une proposition qui semblait avoir l'assentiment d'une large majorité de députés ! «Alors que cet amendement recueillait visiblement, et à deux reprises, la majorité des voix venant de tous bords politiques, le président de l'APN annonçait le contraire», indiquent Tarek Mira et Ali Brahimi dans un communiqué rendu public, ajoutant que la demande d'un troisième «décompte pour trancher le litige a été arbitrairement refusée». La proposition de relèvement des nivaux des retraites «a donc fait les frais de l'arbitraire manifeste du président de l'APN», affirment-ils.
Le pouvoir joue le pourrissement et la démobilisation des retraités
A l'issue de l'adoption de la loi de finances pour 2012, et suite à l'altercation entre le député Ali Brahimi et le président de l'APN, interrogé par des journalistes sur les conditions du rejet de l'amendement, le ministre des Finances a déclaré que «le gouvernement est sensible à l'augmentation du pouvoir d'achat des retraités, et que tout relèvement des retraites nécessitait des disponibilités financières suffisantes chez la Caisse nationale des retraites (CNR)». Et de préciser que «les retraites obéissent aux régimes par répartition et sont gérées par la CNR, tandis que le budget de l'Etat n'intervient que pour les dépenses de solidarité nationale». Selon lui, il faudrait que la CNR dégage les ressources nécessaires pour pouvoir faire une telle augmentation. «Il y a des propositions relatives à l'augmentation des retraites qui sont en train de se profiler, et il va y avoir un arbitrage à un moment donné», a ajouté le ministre des Finances, en rappelant que le groupe de travail chargé de ce dossier à l'issue de la dernière tripartite poursuivait ses travaux». Pour lui «la prudence est, de toutes les façons, d'éviter des excès en matière de dépenses de fonctionnement». Prudence, prudence ' Le gouvernement n'a toujours pas pris conscience de l'ampleur du mécontentement des retraités et de leur farouche détermination à faire aboutir leurs revendications pour améliorer le pouvoir d'achat des plus démunis d'entre eux. A force de multiplier les promesses sans lendemain, le pouvoir fait dans la provocation et pousse les retraités à des actions plus fermes et plus radicales.


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