Algérie

Les tensions sociales en Algérie : une gouvernance à revoir



Dans ces mêmes colonnes du Quotidien d?Oran, depuis plus de trois années, j?ai attiré l?attention des pouvoirs publics sur l?urgence d?éviter le divorce Etat-citoyens, du fait d?une relative aisance financière et une relative régression économique et sociale avec une nette détérioration du pouvoir d?achat et une corruption socialisée remettant en cause la cohésion sociale : un Etat riche, mais une population dans sa majorité de plus en plus pauvre, fruit de l?incohérence des politiques économiques et sociales de l?indépendance à nos jours, croyant que le développement s?assimile aux dépenses monétaires et aux réalisations physiques sans se préoccuper des coûts et des véritables impacts.(1)Du point de vue culturel, nous avons assisté successivement à la naissance du Rai qui exprimait le désespoir de la jeunesse en chansons, puis des tristes spectacles des hittistes (ce qui portaient les murs), puis aux harraga, et comme suite logique aux violences sociales. Ce qui s?est passé à Ghardaïa et à Oran, sans préjuger de certaines manipulations et de certaines destructions injustifiées, traduit le désespoir de la jeunesse face à un avenir de plus en plus incertain, alors que certains responsables se complaisent dans une autosatisfaction en déphasage totale avec les réalités sociales. Les discours souvent contradictoires traduisant une cacophonie dans l?information gouvernementale, la télévision officielle (les trois chaînes étant des copies conformes) et les institutions mis en place continuent de fonctionner sur les vieux schémas du passé, minimisant les mutations tant internes de la société algérienne et que les nouvelles mutations mondiales (1). Or, à vouloir perpétuer les comportements du passé, l?on risque de reproduire une vision périmée avec des tensions sociales croissantes. Le problème essentiel, de mon point de vue, c?est que les pouvoirs publics algériens n?ont jamais abordé d?une manière sereine, alors qu?il est déterminant pour l?avenir du pays, le rôle de l?Etat à travers des réseaux nouveaux crédibles, les dernières élections tant locales que législatives ayant traduit une très forte démobilisation, plus de 70 % des populations ne faisant pas confiance aux partis et à leurs réseaux, souvent des appendices instrumentalisés, dits de la société civile. Cela renvoie à la problématique de la refonte de l?Etat, le juridisme devant pas être une fin en soi, les pratiques sociales pouvant contredire des textes si louables soient-ils, devant prendre en considération le couple contradictoire, préservation de la rente/approfondissement des réformes à travers la stratégie des différents acteurs politiques, économiques et sociaux tant internes qu?externes durant cette période difficile de transition. Car, l?économie algérienne n?est actuellement ni une économie étatisée, ni une véritable économie de marché étant dans l?interminable transition depuis plus de 30 années expliquant les difficultés de la régulation tant politique, sociale qu?économique. Car le compromis des années 2008/2015 devra donc concilier l?impératif de productivité et la cohérence sociale, les principes d?une société ouverte et le devoir de solidarité, en un mot l?efficacité et l?équité. C?est dans ce cadre que le rôle de l?Etat important en économie de marché est double : favoriser l?efficacité économique pour une croissance durable reposant sur l?entreprise, atténuant le poids de la rente, Sonatrach, pouvant être assimilée à une banque, et garantir le principe de justice sociale.  Mondialisation et nouveau rôle de l?Etat


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