Algérie

Les taxis clandestins ont toujours le vent en poupe



Les taxis clandestins ont toujours le vent en poupe
Samir Ould AliMalgré la trentaine de sociétés de taxis en activité, une surabondance de taxis, estimés à 1 600, et environ 4 000 bus, les clandestins ont toujours le vent en poupe dans la wilaya d'Oran. Que ce soit dans les communes éloignées du centre urbain, les nouvelles banlieues encore mal desservies par les moyens de transport ou à l'intérieur du centre-ville où bus et taxis «se disputent» la clientèle, les clandestins «sévissent» toujours sous l'?il impassible des agents de l'ordre, occupant souvent les anciennes stations, désormais désertées par les vrais chauffeurs de taxis.En attendant le tramLa nature ayant horreur du vide, le transport entre le centre-ville et lesnouveaux quartiers est assuré par des taxis clandestins qui se signalent par leurs brefs «coups de phare» à l'adresse de citoyens pressés de vaquer à leurs affaires et peu disposés à subir la longue attente du bus. «Quand je suis pressée, je ne peux pas attendre les bus P1 ou 31 qui, non seulement, n'obéissent à aucun horaire précis mais sont également très lents. Du coup, je trouve les clandestins très utiles», explique cette habitante de Belgaïd,commune située l'extrême est de la ville, dont les habitants souffrent de sérieux problèmes de transport. «Même les étudiants endurent le calvaire du manque de moyens de transport», explique encore la jeune femme en évoquant les étudiants du nouveau pôle universitaire de Belgaïd, qui doivent prendre leur mal en patience jusqu'à la réception de la nouvelle extension du tramway, dont les travaux ne devraient pas tarder à être lancés.Les taxis clandestins rendent ainsi un «fier service» à une population qui ne demande pas mieux que de se déplacer en bus, tramway ou encore en métro s'ils étaient disponibles. «Les taxis réglementaires, eux, reviennent très chers. C'est aussi pour cela que les gens préfèrent les ??clandos''», explique cet étudiant résidant, lui aussi, à Belgaïd.Anarchie persistanteUn plan de circulation n'ayant pas encore été mis en application (il devrait l'être en février prochain, selon toute vraisemblance), cette situation estcommune à de nombreux quartiers de la ville dont les habitants doivent recourir aux clandestins pour pallier les défaillances du transport public. Moins chers que les taxis légaux, plus rapides que les véhicules de transports collectifs, n'hésitant pas à se rendre dans des lieux à très forte circulation (que les chauffeurs de taxis réglementaires refusent généralement d'approcher) les clandestins ont su se rendre utiles auprès de la population oranaise. Et cela peut parfois rapporter gros, notamment l'été, en nocturne, grâce aux travailleurs et travailleuses de la nuit (boîtes de nuit, cabarets, hôtels), quin'hésitent pas à sortir les gros billets pour dédommager leurs chauffeurs. «Jetravaille avec deux ou trois filles qui vivent loin du centre-ville et il est vrai qu'entre le prix de la course et les pourboires, je m'en sors assez bien», confie un taxi clandestin en refusant toutefois de dévoiler les montants engrangés. «On s'en plaint pas !», se contente-t-il de répondre avec le sourire.Clandestin après le travailDans l'anarchie qui continue de marquer le secteur du transport à Oran (absence d'un plan de circulation, incapacité des pouvoirs publics à assainir la situation, surabondance des véhicules dédiés au transport...) les clandestinsévoluent ainsi en toute quiétude, malgré les cris d'indignation récurrents dessyndicats de transport qui ne cessent d'appeler les autorités locales à intervenir pour préserver l'outil de travail des chauffeurs réguliers. «C'est de la concurrence déloyale : les ??clans'' ne paient aucune charge et ne sont soumis à aucune règle alors que le chauffeur de taxi doit s'acquitter de multiples taxes. C'est injuste !», grommelle un des chauffeurs réglementaires en en voulant davantage aux «clandestins à mi-temps» qui, par ailleurs, sont employés dans des entreprises ou la Fonction publique.«Les chômeurs, je ne dis pas. Ils n'ont pas de travail et doivent gagner leur vie, c'est comme ça. Mais qu'un employé d'une entreprise publique réputée pour bien payer ses travailleurs se transforme en chauffeur de taxi après les heures de travail, là, je dis non ! C'est inacceptable !»En attendant un hypothétique assainissement du secteur des transports à Oran, les uns et les autres continueront d'évoluer dans la même incertitude et la même précarité : les habitants privilégieront des clandestins, non réglementaires il est vrai, mais si utiles, les chauffeurs de taxi prendront leur mal en patience en ces temps de dérèglement généralisé et les clandestins, eux, continueront de gagner leur vie en marge de la légalité.S. O. A.




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