Algérie - A la une

Les taxes tirent sur les clubs



Les taxes tirent sur les clubs
Ce sont les clubs français qui s'acquitteront d'une taxe de 75% sur les revenus supérieurs à 1 million d'euros par an. Les joueurs échappent ainsi donc à cette «pénalité». Des réactions pleuvent de partout et le climat n'est pas au beau fixe.
Pour Cédric Kanté, l'international malien du FC Sochaux, lui ne pense pas que la taxe à 75% soit de nature à inverser la tendance. Même si ce ne sont pas les joueurs qui paieront... C'est le football pro qui est concerné. Rien de surprenant pour la majorité des clubs puisque «le projet de taxer plus lourdement les revenus supérieurs à 1 million d'euros par an était une promesse électorale du candidat Hollande». A l'origine, fait rappeler le journaliste de Jeune Afrique : «Cet impôt devait être acquitté par les salariés concernés. Mais le 29 décembre 2012, le conseil constitutionnel a retouché le dispositif». C'est donc une bouffée d'oxygène pour les acteurs des terrains, mais pas pour les clubs qui tirent à tout bout de champs sur ceux qui touchent aux caisses. Le climat s'annonce difficile pour quelques clubs qui voient déjà une véritable descente aux enfers notamment après l'annonce faite le 28 mars écoulé par le chef de l'Etat français qui met sur la table, une nouvelle version qui invite les entreprises versant des salaires supérieurs à 1 million d'euros à payer la taxe, pendant deux ans. C'est ce tire cadré qui fait sortir de leur silence, les présidents de l'Union patronale des clubs professionnels de football (UCPF) et du Havre Athletic Club (Ligue 2). Ainsi Jean-Pierre Louvel est l'un des premiers à dégainer. «C'est une catastrophe à double effet, déclara- t-il au rédacteur de Jeune Afrique. Alors que le déficit cumulé des clubs pros atteint 100 millions d'euros, cette nouvelle taxe va coûter au total entre 82 millions et 100 millions supplémentaires. Soit entre 12 millions et 15 millions par an pour des clubs comme Marseille ou Lyon. Seuls le Paris SG et Monaco pourront s'en acquitter sans problème. Les autres devront se séparer de leurs meilleurs joueurs. Cela nuira à leur compétitivité face à leurs rivaux européens. «Le président d'un club (Troyes) Daniel Masoni, pour lui aucun salaire ne dépasse les 30 000 euros par mois. Si les grosses équipes perdent leurs meilleurs joueurs, nous en subirons le contrecoup car moins de spectateurs viendront au stade. Un club formateur comme le nôtre risque de voir partir ses jeunes plus vite que prévu, sans espoir d'un retour sur investissement». Le jeu de la politique entre en scène et le climat du football français s'assombrit et son spectacle sans les grands joueurs ne pèsera plus rien. La question qui est posée est de savoir comment faire pour sauver le foot ou comment éviter le départ des professionnels puisque Hollande, dira Kanté, n'a pas mesuré les conséquences de sa décision». Et d'ajouter «il y aura un impact sur tous les clubs. Les équipes seront moins fortes, les spectateurs moins nombreux, les recettes moins importantes et les rentrées fiscales aussi». Plus grave encore, souligne Louvert qui voit ainsi la menace peser sur 5 000 emplois (directs) et 25 000 emplois (indirects) alors que la mesure ne devrait rapporter qu'entre 210 millions et 500 millions d'euros. Il explique qu'«un joueur ou un entraîneur qui gagne plus de 1 million par an est aujourd'hui taxé à hauteur de 45%», confie l'international malien. Quelqu'un qui a ce niveau de revenus injecte beaucoup d'argent dans l'économie, via des opérations qui sont soumises à la TVA. Si ces gens partent à l'étranger, le coût final sera bien supérieur à ce qu'apportera la nouvelle taxe. Et c'est un très mauvais signal donné aux investisseurs étrangers. Le président de l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), Philippe Piat se range du côté des protestataires notamment après sa dernière rencontre avec Valérie Fourneyron, la ministre des Sports. «Quand je lui ai demandé si elle préférait voir les footballeurs payer leurs impôts et dépenser leur argent à l'étranger, elle m'a répondu que c'était une question d'image. Vu comme ça, il va en effet être difficile de s'entendre, grince le syndicaliste. Cette loi ne devait pas concerner les PME, autrement dit les entreprises de moins de 500 salariés dont le chiffre d'affaires est inférieur à 500 millions d'euros. Or aucun club de foot n'arrive à ce chiffre. Et puis il y a encore beaucoup de flou. Faudra-t-il intégrer les primes de résultats ' La taxe sera-t-elle calculée sur le salaire net ou sur le brut ' Sur l'année civile, sachant que les contrats des joueurs vont du 1er juillet au 30 juin '» Et voilà que le football français, lui aussi, s'engage dans un match à haut risque et dont le vainqueur est connu à l'avance puisque l'arbitre de la partie, en l'occurrence le gouvernement, lui, semble ne pas être prêt pour toute discussion.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)