Algérie

Les syndicats déplorent la régression des libertés fondamentales



Les organisations syndicales, représentant les secteurs de l'éducation, de la santé ou de l'administration, sont aujourd'hui persuadées que la levée de cette mesure, instaurée en 1992, n'est qu'un leurre et le décret présidentiel signé en février 2011 est destiné, selon eux, à  «la consommation externe». A l'unanimité, ces entités syndicales estiment que dans la pratique, la situation n'a pas changé d'un iota. Les restrictions des libertés, la répression policière, l'interdiction de manifester ou de marcher dans la rue demeurent, une année après la levée de l'état d'urgence, de mise. M. Meriane, porte-parole du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), dresse un tableau des plus négatifs de la situation. Il pense qu'une année après la levée de l'état d'urgence, aucune avancée en matière de respect des libertés n'est constatée sur le terrain. L'Algérie, note ce syndicaliste, est toujours sous la coupe de l'état d'urgence. «Il y a un verrouillage dans divers domaines et sur tous les plans», dit-il en rappelant qu'«en 2011 et au nom de l'état d'urgence, les manifestations étaient interdites dans la rue et les manifestants bastonnés par des policiers ; en 2012 et en dépit de la levée de l'état d'urgence, les mêmes pratiques sont reproduites sur le terrain : des enseignants, des médecins, des fonctionnaires sont tabassés pour avoir revendiqué haut et fort leurs droits, alors que les lois de la République algérienne parlent du respect du droit de manifester et de l'exercice syndical ! Où est donc cette levée de l'état d'urgence '» Pour M. Meriane, la levée de l'état d'urgence devrait àªtre accompagnée d'une volonté politique de changement. Le docteur Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), partage cet avis et va plus loin dans ses critiques ; il énumère la liste des interdits : «Une année après la levée de l'état d'urgence, la situation est toujours au point zéro. Les syndicats autonomes sont réprimés et empêchés d'exercer leur activité dans les normes. Nous ne sommes pas reconnus, nous sommes uniquement tolérés, alors que nous avons des agréments.» Et de déplorer que la levée de l'état d'urgence n'a pas changé la vision du pouvoir vis-à-vis des syndicats autonomes, qui ne sont toujours pas consultés et ne participent toujours pas aux réunions de la tripartite… De son côté, le leader du Syndicat national autonome de l'administration publique (Snapap), M. Malaoui, abonde dans le même sens en évoquant la persistance de l'état d'urgence dans la pratique : «L'application de la levée de cette mesure laisse à  désirer.» M. Malaoui ne distingue aucun changement avant et après 2011. Pour tenir une réunion ordinaire dans une salle, il faut, explique-t-il, une autorisation de l'administration ; pour animer une conférence-débat, il faut également une autorisation et pour marcher ou tenir un sit-in devant un édifice public, il faut là aussi une autorisation… «L'Etat reste répressif. Le pouvoir n'a rien lâché», dit-il avant de s'interroger sur le refus des pouvoirs publics de délivrer des agréments à  des associations. «Le pouvoir a peur de la société civile, car celle-ci a été à  l'origine des bouleversements qu'ont connus nos pays voisins. Craignant la contagion, le pouvoir décide de réprimer les associations tout en libérant les partis politiques.» Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), par la voix de M. Boudiba, établit le même constat quant à  la situation des libertés syndicales en Algérie : «Il n'y a aucune amélioration, bien au contraire, il y a eu une régression. Des syndicats ont déposé des dossiers d'agrément, mais jusqu'à aujourd'hui, ils n'ont rien reçu. En dépit de la levée de l'état d'urgence, nous ne constatons aucune ouverture.»


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