Algérie

Les syndicats de l'éducation se trompent de combat



L'un des objectifs abouti inscrit dans le cahier de revendication des syndicats autonomes de l'Education nationale est que les pouvoirs publics ont accepté le principe de la fin du monopole de la gestion des 'uvres sociales, jusque-là dévolu à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Mais leur victoire sur ce point a fait apparaître que ces syndicats ne partagent pas du tout un point de vue unitaire sur le nouveau mode de gestion à substituer à celui dont ils sont parvenus à obtenir la remise en cause.
Deux conceptions s'opposent en leur sein. La première, défendue par des syndicats à l'ancrage national, prône que la gestion des 'uvres sociales doit être nationale, donc centralisée. La seconde, que défendent les syndicats de moindre audience, préconise que leur gestion soit au niveau de chaque établissement scolaire. Dans le premier cas, la demande du maintien de la gestion centralisée des 'uvres sociales est formulée par ses tenants avec l'arrière-pensée que leurs syndicats obtiendront d'en devenir les ordonnateurs et bénéficiaires en lieu et place de l'UGTA. Dans le second, les « petits » syndicats entendent préserver leurs intérêts par une décentralisation leur permettant d'être parties prenantes de la gestion des 'uvres sociales, là où ils disposent de représentations.
La gestion des 'uvres sociales de leur secteur est pour les organisations syndicales de l'Education nationale une affaire cruciale. Ce sont des milliards de dinars qui sont en jeu. Etre en situation de pouvoir dicter leur utilisation est pour chaque syndicat une question de vie ou de mort organique.
L'on comprend à l'aune de cet enjeu que malgré la satisfaction de leurs principales revendications salariales et autres par les pouvoirs publics, ils persistent, sous des prétextes variés et différents, à exercer chacun de son côté la pression sur la tutelle administrative dans l'espoir de la rallier à l'option de leur préférence.
Le ministère de Benbouzid voit dans cette affaire de la gestion des affaires sociales l'aubaine qui est en mesure de lui permettre de casser le front syndical autonome, qui a contraint les pouvoirs publics aux concessions que l'on sait. C'est pourquoi il atermoie sur la décision à prendre et laisse entendre qu'il sera organisé un « référendum » en interne dans le secteur sur la question, quitte à se mettre à dos les syndicats autonomes.
Nous affirmons le point de vue que les 'uvres sociales, telles qu'elles existent dans l'Education nationale, sont une survivance de l'ère socialiste, ayant eu pour finalité de jeter un « os » à la famille enseignante et de tenir sous contrôle les syndicalistes en charge de leur gestion. A notre humble avis, les syndicats qui se déchirent et s'affrontent sur leur gestion devraient réfléchir ensemble à une tout autre forme de politique sociale à revendiquer en faveur du corps enseignant. Qu'au lieu, par exemple, que le butin financier amassé aille à de ponctuelles et parfois incongrues distributions, il soit utilisé à augmenter les salaires de ces enseignants et à bonifier leurs pensions de retraite.
Ce n'est là qu'une piste à explorer ; d'autres se dessineront dans la concertation que les syndicats devraient instaurer entre eux, au lieu de se faire la guerre sur ce butin financier.


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