Algérie

Les syndicats autonomes réagissent aux «menaces» de Benbouzid



Mouvement tectonique en perspective dans le secteur de l'éducation nationale. La protesta reprendra ce mardi à  la faveur du rassemblement que compte organiser, devant le siège du ministère de l'Education nationale, trois syndicats autonomes. Satef, CLA et Snapap ont, en effet, appelé hier, lors d'une conférence de presse à  la Maison des syndicats (El Harrach),  à  observer un sit-in devant le ministère. Salaire et pouvoir d'achat, statuts particuliers, régime indemnitaire, œuvres sociales, conditions de travail, assainissement de la situation des contractuels, autant de dossiers brûlants qui seront remis au goût du jour, ce 5 octobre aussi Journée mondiale de l'enseignant. Il s'agit pour les représentants des trois syndicats de s'inscrire d'abord en porte-à-faux des déclarations du ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, affirmant avoir «satisfait» la quasi-totalité des revendications des travailleurs de l'éducation, de dénoncer le «train des mesures restrictives et d'intimidation», les «menaces de licenciement», les «suspensions» abusives et autres «atteintes à  la dignité» du personnel de l'éducation. Sid Ali Mohand Salem, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), en fait d'ailleurs un point d'honneur. «L'éducateur est désigné à  la vindicte populaire, présenté comme l'objet du mal. Un travailleur incompétent, absentéiste, perturbateur. Nous refusons ces étiquettes et  disons halte aux atteintes à  la dignité des travailleurs ! Halte aux atteintes aux libertés syndicales !» Après avoir brossé un tableau noir de la rentrée scolaire, placée, dit-il, sous le signe de «l'instabilité», de «l'improvisation», le représentant du Satef s'est attelé à  déterrer la somme de revendications auxquelles le gouvernement n'a toujours pas répondu favorablement, sinon par la «fuite en avant». «Le ministre prétend d'une part vouloir établir un dialogue avec les syndicats, de l'autre, il affirme avoir satisfait toutes les revendications des travailleurs. Si c'est vraiment le cas, pourquoi s'obstiner à  dialoguer '», s'interroge le syndicaliste. Le Satef dit revendiquer un «pouvoir d'achat stable». «C'est du domaine du possible si on met en place, comme c'est le cas dans d'autres pays, un mécanisme qui fait un lien entre la réalité des prix et les salaires. Ce qui revient à  indexer la valeur du point indiciaire sur les prix, en prenant ainsi en compte le taux d'inflation.» Le nouveau régime indemnitaire tout comme les statuts particuliers doivent àªtre revus, déclare Mohand Salem. «Le ministre déclare que les dossiers des salaires et des statuts sont clos, nous lui rappelons qu'ils ont été imposés malgré le fait que certains syndicats aient participé à  son simulacre de concertation. Le nouveau régime indemnitaire est loin d'être satisfaisant, surtout très sélectif parce qu'il est basé exclusivement sur l'expérience professionnelle. Les enseignants, ayant 15 ou 20 ans d'expérience, ont senti cette augmentation, ceux qui n'en sont qu'au début de leur carrière ont été par contre déçus des montants des augmentations, entre 600 et 700 DA, selon l'échelon. Quant aux statuts, la mouture finale est celle du ministère. Ces statuts cristallisent de grandes injustices. Des corps justifiant du même niveau de qualification ont été classés à  des échelons différents.» Belhamel Zineb, déléguée de la Coordination des lycées d'Algérie (CLA), évoque pour sa part les conditions de travail «précaires.» «Les conditions de travail sont telles qu'elles menacent d'effondrement total l'institution éducative.» Surcharge des classes, des programmes, infrastructures en travaux, indisponibilité du livre scolaire, de l'outil informatique... des signes qui ne trompent pas, d'après elle. L'autre signe de régression évoqué par Kamel Bendaïkha, porte-parole de la Coordination des lycées techniques et technologiques, (CNLTT-CLA), a trait à  l'enseignement technique.
Le «projet de restructuration de l'enseignement technique» mis en application par le ministère de l'Education nationale depuis septembre 2005 avec démantèlement progressif des lycées techniques commence à  donner ses fruits «amers». «Alors que le ministre se plaît à  présenter la filière technique-mathématiques comme une filière d'excellence, nous constatons que sur les 5000 bacheliers avec mention «très bien», aucun n'est issu de cette filière. C'est la conséquence directe d'une orientation bâclée des élèves, avec en prime l'instauration d'un système des quotas, et des élèves orientés contre leur gré vers cette filière», observe-t-il. Intervenant au nom des enseignants contractuels, Meriem Maârouf du Snapap-éducation regrette l'attitude du ministre de l'Education qui «multiplie les effets d'annonce, sans apporter une solution équitable au problème des 22 000 contractuels» de l'éducation.Plusieurs milliers d'entre eux ont été abandonnés cette année par les directions de l'éduction à  leur triste sort : «Soit parce qu'ils n'ont pas obtenu le concours de la Fonction publique, explique-t-elle, soit parce qu'ils n'ont pas pu  y participer parce que les conditions fixées (obligation de justifier d'un diplôme universitaire, un mastère) ne leur ont pas permis. Benbouzid se contente, quant à  lui, de dire qu'il a assaini la situation, alors qu'il n'a rien fait du tout.»              


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